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La vision d’Osho : un rassemblement d'amis !

Osho

Osho comme tous les grands enseignants spirituels contemporains explique que nous sommes à une période clé de l’histoire et que nous ne devons pas seulement nous occuper de nous-mêmes, mais aussi des autres et de notre environnement pour créer un renouveau spirituel et un monde meilleur. Il propose de créer pour cela un rassemblement d’amis et surtout pas une organisation, ni une secte.

1ère partie

Nous nous sommes rassemblés ici pour aborder un certain nombre de sujets très importants. Je ne pensais pas que ce que je dis à des individus serait un jour rendu public. Je n'y avais jamais pensé. Dans la mesure de mes capacités, je parle aux gens de ce qui pour moi est une joie et de ce qui me semble pouvoir les aider. Mais peu à peu, ayant eu l'occasion d'entrer en contact avec des centaines et des centaines de gens, j'ai réalisé, j'ai commencé à voir que j'avais mes limitations. Malgré mon envie, je ne peux pas m'adresser à tous ceux qui ont besoin de m'entendre. Et nombreux sont ceux qui ont grand besoin de mes paroles. Le pays tout entier, la terre entière ont une soif intense, sont dans la détresse. Même si nous ne tenons pas compte du reste de la planète, ce pays-ci traverse une crise spirituelle.

Toutes les vieilles valeurs ont été ébranlées ; on ne les respecte plus et on n'en a pas créé de nouvelles. L'homme ne sait plus où se diriger ni que faire. Il est naturel que dans une telle situation son esprit soit envahi par l'inquiétude, la détresse et le malheur. L'individu porte tant de misère en lui ; si nous pouvions ouvrir son coeur et voir ce qui s'y passe, nous serions désemparés. Plus j'ai rencontré de gens, plus j'ai été étonné de voir que l'homme porte en lui tout le contraire de ce qu'il paraît être à l'extérieur. Ses sourires sont faux, son bonheur est faux et toutes ses soi-disant joies sont fausses. Il a accumulé en lui un gigantesque enfer d'obscurité et de malheur.

Il y a moyen d'éliminer cette angoisse, cette douleur. Il est possible de s'en libérer. La vie de l'homme peut devenir divinement paisible et mélodieuse. Et depuis que je m'en suis aperçu, j'ai aussi senti que si nous n'apportons pas à ceux qui en ont besoin ce qui pourrait les conduire à cette paix, nous commettons en quelque sorte un crime. Consciemment ou non, nous péchons par omission.

J'ai donc senti qu'il fallait apporter au plus grand nombre de gens possible tout ce qui peut transformer la vie humaine . Mais j'ai mes limitations, mes capacités sont limitées. Voyant l'immensité de la vie qui m'entoure et la profonde angoisse de la société, j'ai compris que je ne pourrai y faire face tout seul, quelle que soit l'importance de mes déplacements et le nombre de gens que je pourrai atteindre. Si nous versons une couleur sur la plage, il se pourra qu'une petite vague soit teintée, mais cela ne fera aucune différence pour le vaste océan. Et ce qui est intéressant, c'est de voir que la petite vague teintée se perdra très vite dans le grand océan et que sa couleur disparaîtra.

Aussi nous nous sommes rassemblés ici pour examiner comment la couleur de la paix peut se répandre jusqu'aux extrémités de ce vaste océan qu'est la vie. En même temps, je suis conscient que celui qui ne s'intéresse qu'à sa seule paix personnelle ne peut jamais être vraiment paisible, car ne s'intéresser qu'à soi est une des causes de notre mal-être. Etre uniquement centré sur soi est l'une des raisons fondamentales du mal-être. Celui qui se centre sur son petit moi et ne s'intéresse qu'à lui-même, qui désire oublier tout ce qui l'entoure, ressemble à un homme qui construirait une magnifique maison sans vouloir se soucier des amas de détritus qui entourent sa maison. Il peut créer un très beau jardin dans sa propriété sans se soucier de tout ce qui empeste tout autour de sa maison. Si tout le voisinage est sale, son jardin, ses fleurs et leur parfum ne vaudront pas grand-chose. Les mauvaises odeurs entreront aussi dans sa maison et noieront le parfum de ses fleurs.

L'homme ne devrait pas s'intéresser qu'à lui, mais tenir compte aussi de son environnement. Un être religieux ne s'intéresse pas qu'à lui-même, mais aussi à tout ce qui l'entoure. Je ressens aussi qu'il ne suffit pas de se préoccuper que de sa propre paix ; il faut aussi se demander si la brise de la paix atteint tous les êtres sensibles à qui nous sommes reliés, avec lesquels nous sommes connectés. Cela aussi doit nous intéresser. Et celui qui est mû par une soif intense de conduire toute la vie qui l'entoure vers la paix, découvrira que même s'il ne réussit pas à rendre les autres paisibles, il le deviendra certainement lui-même grâce à cet effort.

Il y a une anecdote dans la vie de Bouddha qui n'est peut-être qu'une histoire mais qui est très belle. Quand Bouddha atteignit le nirvana, l'ultime libération, il arriva à la porte de moksha, le salut, et le gardien lui ouvrit. Mais Bouddha lui tourna le dos. Alors le gardien lui demanda : « Pourquoi tournes-tu le dos à la porte de moksha ? » Bouddha répondit : « Il y a beaucoup de gens derrière moi, et tant qu'ils n'auront pas tous atteint moksha, je m'arrêterai ici et j'attendrai. Je ne suis pas assez dur, assez cruel et violent pour profiter tout seul du salut. La paix que j'ai trouvée me dit simplement d'être le dernier à entrer dans moksha ; tous les autres doivent y entrer d'abord. »

C'est une très belle histoire ; l'histoire dit que Bouddha attend toujours à la porte de moksha, afin que tous les autres puissent entrer d'abord ; lui-même veut être le dernier à entrer.

Le coeur de celui chez qui un tel sentiment est né a déjà atteint moksha, il n'a plus besoin de passer par une porte. Pour lui, la notion même de moksha n'a plus de sens. Celui qui éprouve une telle compassion y est déjà entré. Seuls ceux dont la vie témoigne d'une intense aspiration à répandre la paix deviennent paisibles.

Je crois que les amis qui se sentent attirés dans cette direction ne devraient pas se contenter de s'occuper d'eux-mêmes, mais aussi des autres et de leur environnement. Car cet intérêt peut faire du bien aux autres, et même s'il n'en fait pas, il sera pour eux-mêmes d'une grande valeur : cela les aidera à approfondir leur paix et leur joie, car l'une des raisons du mal-être est de rester centré sur soi. Et celui qui inclut dans son centre ceux qui l'entourent deviendra paisible. Ainsi nous nous sommes réunis ici pour que je puisse discuter avec vous de quelle manière un message d'amour, de paix et de compassion peut atteindre le plus grand nombre de gens possible. Quelles méthodes pouvons-nous trouver pour être sûrs que ce message les atteigne ? Est-ce possible ? Il ne s'agit pas de faire de la propagande, ni de créer une secte, une organisation ou un groupe. Nous n'avons pas à créer un centre qui devienne puissant en lui-même, mais nous devons diffuser le message aussi largement que possible, sans devenir un groupe, une secte, une organisation, sans créer un pouvoir centralisé. Et ceci nécessite une réflexion approfondie.

Si l'on désire créer une secte ou une organisation, ce n'est pas la peine d'y réfléchir longuement – n'importe qui sait comment s'y prendre. On a déjà créé des milliers de sectes. Nous n'allons pas en créer une de plus. C'est pourquoi il faut y réfléchir de façon approfondie pour ne pas créer une secte ou une organisation et pourtant être capable de partager avec tous ce que nous aimons, ce qui nous donne de la joie. Nous ne voulons pas devenir des missionnaires, et pourtant une diffusion doit être possible.

C'est pourquoi c'est un problème très délicat, qui doit être considéré avec la plus grande attention et avec beaucoup de sensibilité. C'est comme si nous marchions sur une corde raide. Une des options est de ne rien diffuser du tout, à cause du danger de devenir une secte. Cela voudrait simplement dire que nous ne partageons ce message avec personne. Et la seconde alternative est de diffuser le message et d'aboutir à la création d'une secte. Ce danger existe aussi. Nous devons répandre le message, mais c'est absolument nécessaire de veiller à ne pas créer de secte.

Aussi la question est de rendre la diffusion possible sans faire de propagande, sans devenir une secte ni une organisation ; afin que la transmission nécessaire, le message vital, atteignent le maximum de gens possible. C'est ce que je vous invite à discuter ici. Je voudrais vous dire certaines choses fondamentales afin que vous puissiez y réfléchir.

La première chose, c'est que notre rassemblement d'amis aujourd'hui n'est pas aussi vaste que le message. Une organisation n'est pas nécessaire, mais seulement un rassemblement. Et la différence entre une organisation et un rassemblement doit être clairement comprise. Un rassemblement signifie que chacun est libre, il a librement choisi de venir et il peut librement décider de partir. Un rassemblement implique que tous sont égaux, personne n'est supérieur ou inférieur, il n'y a pas de hiérarchie, personne ne suit, personne ne commande. Tel est le sens d'un rassemblement. Nous voulons créer un rassemblement d'amis, pas une organisation qui comporte une autorité, une hiérarchie, des gens qui occupent un rang supérieur ou inférieur. Et une organisation a sa propre infrastructure ; de bas en haut il y a une hiérarchie, il y a des rangs et des positions, et tout cela devient de la politique. La politique est inévitable partout où il est question de rang et de position. Ceux qui s'accrochent à une position ont peur que quelqu'un ne les remplace. Ceux qui n'en ont pas aspirent à en avoir une. Ainsi l'organisation comporte ses propres risques.

Nous devons créer un rassemblement d'amis, pas une organisation. Dans le rassemblement tout le monde est égal et a une valeur égale. Personne n'est une autorité, personne n'est respectable, personne n'est supérieur et personne n'est inférieur ; et chaque individu n'est venu là que par amour. A part l'amour, il n'y a aucun autre commandement à suivre ; il n'y a pas non plus de serments ni de promesses à tenir ; pas plus que de voeux ou de préceptes auxquels s'engager. On se joint sur la seule base de son amour et de sa liberté individuelle – et on peut partir dès qu'on veut. Et même lorsqu'on fait partie du rassemblement, on n'est pas tenu par un dogme ou une idéologie quelconque ; on est toujours libre d'avoir des opinions différentes, d'avoir sa propre pensée et de la suivre, de suivre sa propre sagesse. On n'est pas là pour suivre quelqu'un. Afin qu'un rassemblement d'amis, Jeevan Jagruti Kendra, puisse se créer, nous devons réfléchir sur cette base.
Il est certain que les règles qui régissent un rassemblement d'amis diffèrent de celles d'une organisation. Un rassemblement d'amis est tout à fait ce que nous pourrions appeler une institution anarchique. Par contre, une organisation est un système bien planifié, maintenu par des règles, des principes et des lois. Je n'ai pas l'intention de lier les gens par des lois, des règles ou des principes, car c'est tout ce contre quoi je lutte. De telles organisations existent déjà dans le monde entier ; à quoi bon en créer une de plus ? Il est certain qu'une organisation est plus efficace, et qu'un rassemblement ne saurait l'être à ce point. Mais être efficace au prix de la liberté, c'est payer trop cher. La démocratie n'est pas aussi efficace que la dictature, mais l'efficacité peut être sacrifiée, la liberté ne peut pas être sacrifiée.

Suite de cet article

Publié dans l'Osho Times de Mai 1997 et traduit bénévolement par notre amie Elisabeth Devika.

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