meditationfrance, méditation, tantra, connaissance de soi
Les dossiers d'actualité de Meditationfrance

Y-a-t'il des lacunes dans les enseignements du Tantra ?

statue de tantra

par Osho

Cher Osho, vois-tu des lacunes dans les enseignements du Tantra qui te poussent à penser que les méthodes tantriques ne nous conviennent pas ?

Ce n’est pas un système complet. Il y a une erreur fondamentale dans laquelle les êtres humains tombent : ils découvrent une petite vérité, une partie de la vérité, et au lieu d’explorer le tout, ils imaginent le reste pour combler les vides. Parce qu’ils détiennent une partie de la vérité, ils peuvent argumenter, construire un système, et le faire tenir debout. Mais le reste, ce n’est que leur invention.

Tous les systèmes ont procédé ainsi.

Plutôt que de découvrir la vérité dans son ensemble, la tendance humaine est de dire :« À quoi bon ? Nous avons trouvé un fragment, cela suffit pour l'exposition, cela suffit pour faire taire tout opposant qui poserait une question. »

Et le reste… n’est qu’imagination.

Par exemple, le Tantra a raison quand il dit que l’énergie sexuelle est l’énergie fondamentale, de telle façon que cette énergie puisse être transformée en des formes plus élevées. C’est une vérité. Mais ce qui est arrivé, c’est qu’ils ne sont jamais allés très profondément dans la méditation, la méditation est restée juste secondaire. Et la sexualité humaine se manifeste elle-même si puissante que, au nom du Tantra, c’est devenu simplement de l’orgie sexuelle. Sans méditation, c’est ce qui devait arriver. La méditation aurait dû être la toute première chose parce que c’est elle qui va transformer l’énergie. Mais elle est devenue secondaire.

Et beaucoup de personnes qui étaient perverties sexuellement, réprimées sexuellement, ont rejoint l’école du Tantra. Ce sont les gens qui ont amené toutes leurs perversions, toutes leurs répressions. Ils n’étaient intéressés en aucune transformation, ils n’étaient intéressés qu’à se débarrasser de leurs répressions. Leur intérêt était essentiellement sexuel.

Aussi, bien que le Tantra contienne une part de vérité, il n’a pu être utilisé d’une façon juste. Tant que cette part de vérité ne sera pas mise au second rang, et que la méditation sera mise au premier, il arrivera toujours que, dans le Tantra, les gens acteront toutes sortes de perversions. Et avec un beau discours, ils ne se rendront pas compte qu’ils font quoi que ce soit de travers. Ils sentiront qu’ils font quelque chose de religieux, quelque chose de spirituel.

Le Tantra a échoué pour deux raisons. L’une était une raison intérieure- que la méditation n’a pas été mise au centre. La seconde, que le Tantra n’avait pas de méthodologie spécifique pour les pervertis et les réprimés, de telle façon que, en premier, leurs perversions et leurs répressions soient traitées, et qu’ils soient devenus normaux. Et qu’une fois qu’ils sont devenus normaux, alors, ils sont introduits à la méditation. C’est seulement après un état de profonde méditation qu’ils devraient être admis pour des expériences de Tantra. C’était un dispositif défectueux qui a fait que toute l’affaire est devenue, au nom d’un magnifique système, une simple exploitation de la sexualité.

C’est ce que beaucoup d’animateurs de Tantra font. Il y a juste quelques jours, j’ai vu la publicité de Rajen (un des thérapeutes qui ont travaillé quelque temps auprès d’Osho) pour un stage de Tantra avec une image obscène. Cela attirera des participants car c’est de la vraie pornographie. Pourquoi se préoccuper d’aller seulement regarder des images pornographiques quand vous pouvez voir de vraies personnes en train de faire de la pornographie ? Et Rajen n’a pas de compréhension de la méditation, n’a jamais vraiment médité.

Et ces gens se sentiront bien, soulagés, car la société ne leur permet pas… Au cours du stage il leur sera permis de faire tout ce qu’ils auront envie de faire de telle façon que beaucoup de répressions seront expurgées, et ils se sentiront soulagés et légers et ils sentiront de la gratitude pour avoir vécu une grande expérience de Tantra. Et il n’y a eu aucune expérience de Tantra, il n’y a eu qu’une orgie sexuelle. Et en quelques jours, ils vont de nouveau accumuler des répressions parce qu’ils ne peuvent pas faire la même chose en dehors du groupe dans la société. Alors ils deviennent des clients permanents, des adeptes chroniques du Tantra.

Et ces soi-disant thérapeutes profitent de l’argent qu’ils amènent. Ils n’ont rien à perdre, ils donnent seulement de la liberté. Ils commencent par tous les grands mots que j’ai utilisés – liberté, expression, pas de répression, soyez juste vous-même, et ne vous inquiétez pas de ce que d’autres vont penser, faites ce que vous avez à faire. Et ces idiots commencent à faire ce qu’ils ont à faire !

Premièrement les gens doivent être initiés à la méditation, et alors ils peuvent être initiés aux méthodes du Tantra.

Ce n'est pas du tantra. Les méthodes tantriques sont totalement différentes. Ceux qui pratiquent le tantra n'y connaissent rien.

Par exemple, Ramakrishna méditait profondément, et chaque fois qu’une pulsion sexuelle venait perturber sa méditation, il demandait à sa femme Sharda—qui était une très belle femme—de s’asseoir nue sur un tabouret élevé, et lui s’asseyait en face d’elle, se contentant de la regarder, méditant sur elle jusqu’à ce que la pulsion sexuelle s’apaise. Ensuite, il touchait les pieds de Sharda, sa propre femme, et la remerciait en disant : « Tu m’as énormément aidé ; sans toi, où serais-je allé ? Cette pulsion avait besoin d’une forme d’expression, et te regarder a suffi. »

Le temple de Khajuraho contient de magnifiques statues dans toutes les postures sexuelles. C’était une école de tantra qui a construit ce temple et créé ces statues. Et la première chose que l’élève devait faire, c’était de méditer sur chaque statue—elles sont disposées de telle manière qu’en partant d’un coin, on fait le tour du temple en cercle. Cela peut prendre six mois, mais tu dois observer chaque statue jusqu’à ce que tu puisses la voir uniquement comme une statue, sans y percevoir de sexualité—alors même qu’elle est dans une posture sexuelle. Mais simplement en la regardant, en la contemplant pendant des mois, elle devient une œuvre d’art pure ; toute pornographie disparaît. Ensuite, tu passes à une autre. Toutes les perversions de l’esprit humain ont été représentées dans ces statues. Et quand tu as fait le tour complet du temple, alors seulement le maître te permet d’entrer à l’intérieur du temple. Ces six mois sont une période de méditation intense et de libération profonde : toutes les répressions sont parties, tu te sens absolument léger. Alors le maître te fait entrer.

Et à l’intérieur du temple, il n’y a aucune statue sexuelle ; à l’intérieur du temple, il n’y a rien—le vide. Le maître t’enseigne alors comment aller plus profondément dans la méditation qui est née de ces six mois, et maintenant tu peux aller très profondément car il n’y a plus d’obstacle, plus de problème, plus de sexualité. Et cette descente dans la méditation, sans perturbation sexuelle, signifie que l’énergie sexuelle va avec la méditation, et non contre elle. C’est ainsi qu’elle se transforme et prend des formes supérieures.

Tous ces soi-disant thérapeutes ne connaissent rien au tantra, ni aux raisons pour lesquelles il a échoué. Mais cela ne les intéresse pas ; ce qui les intéresse, c’est d’exploiter les personnes réprimées. Et les personnes réprimées sont contentes car après une session de tantra de sept ou dix jours, elles se sentent soulagées ; elles pensent que c’est une forme de croissance spirituelle. Mais deux ou trois jours plus tard, toute cette croissance spirituelle aura disparu, et elles seront prêtes pour un autre groupe. Il y a certaines personnes—on peut les appeler des « groupies »—qui passent d’un groupe à un autre, sans cesse. Leur vie entière n’est qu’un enchaînement de groupes. Comme les hippies… mais on peut les appeler « groupies ».

Osho, The Path of the Mystic #38

Ceci est Question/réponse 3 d’un discours spontané donné par Osho en mai 1986 à Punta del Este en Uruguay.

Qui est Osho ?

Cet article a été traduit de l'anglais par Dominique Vincent.