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Le mystérieux bol à mendicité
Une histoire racontée par Osho.
Un mendiant arrive dans le palais d’un empereur. L'empereur se trouvait à ce moment là dans le jardin alors il entendit le mendiant. Le garde à la porte allait lui donner quelque chose, mais le mendiant lui a dit : "A une condition. Je prends toujours du maître mais jamais des serviteurs".
L'empereur entendit l'échange. En continuant sa promenade, il est venu voir le mendiant, parce que d'habitude les mendiants n’ont pas de conditions. Si on est un mendiant, comment pourrait-on avoir des conditions ?
Il lui semblait que c'était un mendiant différent, assez rare. Alors il est venu voir – et en effet il ÉTAIT un mendiant rare. L’empereur n’avait jamais vu jusqu'à ce moment un homme qui ressemblait autant à un empereur; lui même n'était rien en comparaison. L'homme avait une certaine aura autour de lui, une grâce. Sa tunique était en lambeaux, il était presque nu, mais le bol de mendicité semblait d'une grande valeur.
L'empereur dit : " Pourquoi poses-tu cette condition ?"
Le mendiant répondit : "Parce que les serviteurs sont eux-mêmes des mendiants et que je ne veux être impoli envers personne. Seuls les maîtres peuvent donner. Comment les serviteurs peuvent-ils donner ? Alors si vous êtes prêt, vous pouvez donner et je l'accepterai. Mais j’ai aussi une condition pour vous : mon bol de mendicité doit être complètement rempli."
C'était un petit bol de mendicité ! L'empereur se mit à rire. Et il a dit : "Tu sembles être fou. Penses-tu que je ne peux pas remplir ton bol de mendicité ?"
Et puis il a ordonné à ses ministres d'apporter des pierres précieuses, incomparables, uniques, et d'en remplir le bol de mendicité. Mais ils se sont retrouvés dans une situation difficile, car plus ils remplissaient le bol de mendicité, plus les pierres tombaient au fond et elles ne faisaient même pas de bruit, elles disparaissaient tout simplement. Et le bol de mendicité restait toujours vide.
Alors l’empereur était dans le pétrin, tout son ego était en jeu. Lui, un grand empereur qui dirigeait la terre entière, comment-ne pouvait-il pas remplir un bol de mendicité ?!
Il ordonna à ses serviteurs : "Apportez tout ce qui est possible, mais ce bol de mendicité doit être rempli !"
Ses trésors... pendant des jours entiers, tous ses trésors furent vidés, mais le bol de mendicité resta vide. Il ne restait plus rien. L'empereur était devenu un mendiant lui-même, tout était perdu. L’empereur tomba aux pieds du mendiant et lui dit : "Maintenant, je suis aussi un mendiant et je ne demande qu’une chose. Donne-moi le secret de ce bol, il a l'air magique !"
Le mendiant lui a répondu : "Il n'y en a pas. Le bol est juste fait à partir de la même matière que le mental humain, il n'y a rien de magique."
Chaque mental humain n’est qu’un bol de mendicité. Vous continuez à le remplir et il reste vide. Vous y versez le monde entier, des mondes réunis, et ils disparaissent simplement sans faire de bruit. Vous continuez à donner et le mental est toujours en train de mendier.
Donnez de l'amour, et le bol de mendicité est là, votre amour a disparu. Donnez toute votre vie, et le bol de mendicité est là, vous regardant avec des yeux plaintifs. "Tu ne m'as rien donné. Je suis toujours vide." Et la seule preuve que vous devez donner est si le bol de mendicité est plein – et il ne l’est jamais. Bien sûr, la logique est claire : vous n’avez donc pas donné.
Vous avez réalisé beaucoup de choses et elles ont toutes disparues dans le bol de mendicité. Le mental est un processus autodestructeur. Tant que le mental ne disparait pas, vous resterez un mendiant. Tout ce que vous pourrez gagner sera vain ; vous resterez les mains vides.
Et si vous dissolvez ce mental, vous êtes rempli pour la première fois d'un vide différent ("emptiness" en anglais). Vous n'êtes plus en tant qu'ego-mental, mais vous êtes devenu le tout. Si vous êtes en tant qu'ego-mental, vous restez un mendiant. Si vous n'êtes pas, vous devenez un empereur.
Osho, Hsin Hsin Ming: The Book of Nothing (Le livre du Rien)
Traduit de l'anglais par meditationfrance