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Attentes et Intentions

Gangaji

par Gangaji

La plupart des gens, disons tout le monde ; peut-être que ce n'est pas tout le monde, mais c'est juste pour que vous ne vous excluiez pas vous-même, donc disons tout le monde. Tout le monde va à toutes sortes de réunions, et en particulier à des réunions spirituelles, avec certaines attentes. Ces attentes, bien sûr, sont basées sur certains souvenirs d'une expérience passée, soit qu'il s'agisse d'une expérience passée réelle, soit de quelque chose qui a été intégré dans la mémoire à partir d'une lecture, d'un film ou de l'imagination. Une attente est très différente d'une intention. On peut aussi venir à une réunion spirituelle avec une intention : l'intention d'être libre, l'intention de s'éveiller, l'intention de découvrir qui on est, l'intention de réaliser la vérité une fois pour toutes. Une intention en elle-même n'est pas un problème, et peut être en fait d'une grande aide. C'est un désir pur. Mais, malheureusement, l'intention est toujours teintée d'une attente, même si ce n'est pas vraiment toujours, pour notre propos, disons qu'elle l'est toujours.

L'intention, le désir, le désir pur d'être libre est alors coloré par ceci : « Ça va se ressentir comme, ça va ressembler à, ça va me donner, ça va aboutir à, je saurai parce que... ». Toutes ces attentes sont basées sur le passé.

Le but de cette retraite est de réaliser votre intention d'être libre. C'est pour cela que nous nous sommes rassemblés. L'intention d'être libre et l'intention de réaliser qui vous êtes sont les mêmes. Les seuls obstacles à cette intention sont vos attentes.

Les attentes sont fabriquées par le mental, basées sur des souvenirs passés et des désirs futurs. Elles sont modifiables, transformables, réarrangeables, et finalement vides et non satisfaisantes. La plupart d'entre vous savez déjà que vos attentes ne vous apportent pas de satisfaction. Bien que vous ayiez tous l'espoir qu'elles puissent vous en apporter. Comme dans une relation abusive, il y a cet espoir : « Peut-être que cette fois-ci, ce sera ce que je veux ». Mais ce n'est pas dans la nature de l'attente. Par sa nature, l'attente est une barrière, elle est vide, elle est illusion ; et c'est une barrière entre vous et votre intention de réaliser qui vous êtes.

Comme vous le savez, ça peut devenir très compliqué. Notre vie est très compliquée ; notre passé est très compliqué. Ce n'est pas seulement notre passé personnel, c'est toute l'histoire collective ; pas seulement l'histoire des humains, mais celle des animaux sur la terre, celle du système solaire, de l'univers. Les attentes, bien sûr, jouent un rôle dans le désir naturel de l'humain pour le plaisir. Les attentes jouent aussi un rôle dans le souvenir vraiment profond de la totalité de soi-même, de la perfection de l'Être, qui est encore vivant, mais caché, recouvert ou voilé par le rêve d'être quelque chose ou de quelqu'un qui peut vous donner ou vous prendre ce qui vous revient de droit. C'est ça le samsara. C'est ça le conditionnement ; c'est ça l'ego. Les enseignants orientaux l'appellent le samsara; les enseignants occidentaux l'appellent l'ego. C'est la même chose. Lorsqu'on réalise cela jusqu'à un certain point, on se dit : « ah, c'est l'ego, ce sont mes attentes, ce sont mes pensées », alors, parce que l'ego est si exquis, parce que le samsara est si infini, la pensée suivante arrive : « eh bien, je vais me débarrasser de mon ego, et alors je serai heureux ». De ce genre de pensée sont nées des écoles et des religions basées sur la haine de soi, la négation de soi et la torture. La torture pour atteindre le bonheur ; cela montre jusqu'à quel point tout cela peut devenir tordu. Nous connaissons cette tendance à l'intérieur de nous-mêmes. Cela peut se produire lorsque nous arrivons à une retraite et que nous sommes assis ensemble le premier matin ; il n'y a peut-être pas l'expérience d'une extase océanique, et il peut toujours arriver, pas vraiment toujours, mais disons toujours, la pensée suivante : « Je m'y prends mal », ou «elle s'y prend mal » ou « ils s'y prennent mal » ou « c'est impossible ». Ces pensées font partie de la tradition de se détester et de se torturer et sont utilisées pour essayer d'atteindre la béatitude d'Être. Oui, c'est de vous que je parle. Je le sais bien.

La vraie direction spirituelle ou la vraie compréhension spirituelle est de reconnaître que cette recherche de l'intention, ou la recherche du bonheur originel d'Être, ne peut jamais être comblée par les attentes de récompense ou d'acquisition. Elle ne peut jamais être comblée par le désir que quelqu'un vous le donne. C'est une maturité ou une désillusion qui doit arriver, ou qui arrivera en son temps, encore et encore et encore, vie après vie. Combien de vies ont eu lieu depuis que vous avez eu deux ans ? Tant de vies. Tant de vies, à toujours vouloir atteindre, à toujours vouloir obtenir, à toujours perdre. À atteindre encore, un but chaque fois différent, un gain différent, une perte différente. Vous reconnaissez la même façon de faire. L'habitude d'essayer de reprendre contact avec ce qui est connu sans pour autant être défini, ce que les plus grands enseignants, les plus grands enseignements, les plus grands événements de votre vie, vous ont révélé pendant un instant. Obtenir/perdre, obtenir/perdre jusqu'à ce qu'une certaine maturité apparaisse dans l'esprit du chercheur. C'est à ce stade que nous nous rencontrons. Si vous êtes vraiment aussi immature que vous pensez l'être, ou immature dans votre façon d'agir, vous ne seriez pas attirés par le message de mon enseignant. Vous ne pourriez pas l'être, parce que rien ne vous est offert ici. Vous iriez quelque part où on vous offrirait du pouvoir ou une possibilité de conserver, de trouver, de gagner, d'obtenir, ou de retenir quelque chose. Et vous le savez, parce que vous l'avez fait.

Je me souviens quand j'ai lu les mots de Ramana pour la première fois, dans le début des années soixante-dix, et que j'ai pu ressentir leur vérité, mais j'ai dit : « C'est trop simple. Ça n'a vraiment rien à voir avec moi ». J'ai donc passé les vingt-cinq années suivantes à mettre ma confiance en moi-même, jusqu'à la désillusion. Non pas la désillusion de l'intention originelle, mais plutôt une façon cynique qui peut s'exprimer ainsi : « Ah, je l'ai perdu. Ça n'a pas marché. Le pouvoir s'est affaibli. » Ceci peut être un niveau de cynisme qui sert à protéger l'innocence de l'intention. Mais vous avez de la chance, parce que vous n'avez pas pu recouvrir de cynisme l'intention originelle d'être libre, de connaître la vérité. Elle est toujours pure et éveillée en vous. Vous avez la chance d'avoir été désillusionné des pouvoirs de l'esprit et de sa beauté, de la capacité de création de l'esprit -- qui peut être aussi belle qu'elle peut être horrible. Une désillusion essentielle doit apparaître pour pouvoir vraiment recevoir ce qui vous est offert ici; pour être réellement en mesure d'entendre ce que signifie vous arrêter, être silencieux.

Pour un moment, fermez vos yeux. Dans l'esprit de la recherche de soi, voyez si des attentes sont présentes, des attentes émotionnelles, mentales, physiques, circonstancielles ou expérientielles. Maintenant, sans abandonner l'attente, découvrez ce que veut dire de ne pas nourrir l'attente. En fait de garder l'attente sans la nourrir. Maintenant, découvrez ce qui est nécessaire pour conserver l'attente, ce qui est impliqué pour nourrir l'attente, en étant conscient des subtilités de l'esprit, des pouvoirs de l'esprit.

Extrait de la retraite offerte par Gangaji sur la Côte Ouest à Monterey, Californie, le matin du 10 mars 2002.