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Sculpteur sur bois et créateur de Totems collectifs

Olivier Ledoux

Interview d’Olivier Ledoux

Olivier, tu es sculpteur sur bois avec une approche profondément humaniste. Tes œuvres résonnent avec l’humain, en s’inspirant du lien entre la nature, la spiritualité et la vie des arbres. Tu proposes notamment la création de Totems collectifs dans le cadre de projets participatifs. Peux-tu nous expliquer concrètement comment cela se passe ?

Lorsque je suis sollicité pour un Totem collectif, soit on a déjà un arbre mort, soit on va en chercher un ensemble dans les environs ou en acheter dans une scierie. Idéalement, on utilise un bois imputrescible comme le châtaignier ou le cèdre.
Ce type de projet est une aventure humaine, une création commune, presque un acte fondateur. Il faut au moins une dizaine de personnes pour enclencher cette dynamique collective.
On commence toujours par une phase d’échange : on parle de l’intention, du lieu, du sens de la démarche. Ensuite, je transmets les gestes : graver, sculpter, poncer… J’amène tous les outils nécessaires et j’accompagne chacun, quel que soit son niveau. Il n’y a pas de limite. En peu de temps, on peut apprendre beaucoup, aller loin… jusqu’à ses rêves.
Avant de commencer à sculpter, il y a un temps de parole, d’écoute de soi et du groupe. Une manière de poser l’intention, ensemble.

En quoi la création d’un Totem favorise-t-elle la cohésion et le lien entre les participants ?

Imaginez un équipage de rameurs, une trentaine de personnes dans un même bateau. L’effort partagé, la sueur, la proximité... tout cela crée une famille.
Avec le Totem, c’est la même chose. Il y a un principe de résonance : le bois, comme le corps humain, est composé de carbone. En sculptant le bois, tu sculptes aussi une partie de toi. Et lorsque tu fais ce geste à côté d’autres personnes, elles-mêmes dans ce même état, une forme de sympathie naturelle émerge.
Ce lien, cette énergie commune devient fraternité. C’est encore plus fort dans un écolieu, une communauté ou un festival où les gens vivent ou œuvrent ensemble. Le Totem devient alors un repère symbolique, une borne mémorielle. Un enracinement collectif et psychique. C’est un geste sacré.

Tu proposes aussi la création d’espaces symboliques et harmonieux en bois dans des centres ou des éco-lieux. Peux-tu nous en dire plus ?

Oui, cela commence souvent par une intention simple : des amis, des résidents qui souhaitent créer ensemble un espace pour s’asseoir, se retrouver, jouer…
Je me mets alors à l’écoute du lieu, et de vous. Je « prends racine » dans votre psyché, je ressens ce qui vous traverse. Je vous raconte une histoire en dessin, nous dessinons à tâtons ce qui va naître.
Mon approche est très intuitive, presque chamanique. Depuis plus de quarante ans, je travaille avec les gens, en rue comme à la campagne. Je pratique la confiance dans l’instant, dans l’élan créatif, et je transmets cela aux enfants comme aux adultes.
Je vois chaque espace comme un spectacle qui me raconte quelque chose, et je l’aide à prendre forme pour ouvrir un chemin de liberté.

création d'un totem

Combien de temps faut-il pour créer un Totem collectif ? Quel est le budget, le nombre de participants, et le matériel nécessaire ?

Le budget dépend de nombreux facteurs : le lieu, les besoins, les moyens du groupe. Il faut surtout parler, s’accorder. Disons qu’il faut compter à partir de 2200 € pour un chantier de plusieurs jours, avec un maximum d’environ 30 participants. Chaque projet fait l’objet d’un devis.
La durée varie selon le projet : de 3 jours minimum à une semaine complète. Il est aussi possible de sculpter en soirée.
Côté matériel, on utilise un tronc principal en châtaignier d’environ 5 mètres de long et 30 cm de diamètre, soutenu par deux troncs latéraux de 2 mètres de long sur 40 cm.
Mais encore une fois, tout dépend du lieu et du rêve.

Les formes du Totem apparaissent-elles dès le début ou naissent-elles au fil du chantier ?

C’est très intuitif. Tout commence par un enracinement dans le lieu, le groupe, la matière.
J’accueille chacun devant le tronc. Les yeux bandés, on touche, on ressent, on s’imprègne. Ensuite, on s’assoit, toujours les yeux fermés, face à une grande feuille de papier.
Puis, une fois les bandeaux retirés, je demande simplement :
« Dessine-moi ce que tu as vu. »
C’est une manière de faire émerger un ressenti profond, une vision intérieure. À partir de là, la forme du Totem se révèle naturellement, dans une co-création progressive et sincère.

Planter le Totem en terre semble être un moment fort du processus. Un véritable rituel ?

Oui, c’est un moment très fort.
Planter le Totem, c’est ancrer une intention dans la terre. C’est aussi un acte de mémoire.
Les arbres sont faits de spirales, comme la vie. Ils sont nos grands-pères, nos guides silencieux. Une fois le Totem achevé, on le porte ensemble, sur l’épaule, au rythme des tambours.
On le plante en terre comme on érige une conscience collective.
C’est une célébration. Un lien entre le Ciel et la Terre. Chantons, dansons, honorons ce moment.

planter un totem

Tu dis : « Quand tu sculptes le bois, tu te sculptes toi-même. » Ce n’est donc pas seulement une pratique artistique ?

Non, c’est bien plus que cela.
Le bois, comme le corps, est fait de carbone. Quand tu frappes le bois, tu touches quelque chose en toi. Ce que tu enlèves à la matière, tu l’enlèves en toi.
Il y a une résonance très forte.
Le bois nous accompagne tout au long de notre vie : du berceau au cercueil. C’est une matière intime, familière, presque sacrée. En le sculptant, tu entends son chant, et ce chant te transforme.
Le bois est une matière vivante qui fait écho à l’Humain. Par exemple, observe un hêtre : tout en lui évoque la morphologie humaine.
Je me suis toujours senti comme un homme-arbre. Et ce que je propose à travers mes chantiers, c’est une véritable ouverture de conscience.
Un retour au silence. Une invitation à se dépasser, avec audace et joie.

Je vous invite maintenant à regarder cette vidéo : Un Totem pour la Chapelle - YouTube

Olivier Ledoux – Sculpteur sensible sur bois et guérisseur enseignant
Basé en Ariège, je me déplace partout en France et au-delà.
Je propose des créations sur mesure, des chantiers collectifs et des stages d’initiation à la sculpture participative : Totems, espaces symboliques et harmonieux.
06 38 30 72 60
www.olivierledouxsculpteur.com


Interview réalisée par Emmanuel Moulin pour Meditationfrance