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La Voie du souffle
Manuel de méditation

Le nouveau livre de Laurent Huguelit

Laurent Huguelit, praticien chamanique et méditant bouddhiste, est l’auteur du livre Mère, L’Enseignement de la forêt amazonienne, paru en 2019 chez Mama Éditions. Né en Suisse et passionné de nature, il a fondé L’Outre-Monde, un centre de pratique au tambour.
En septembre 2022, il publie chez Mama Éditions La Voie du souffle, Manuel de méditation préfacé par Aurélie Godefroy — dont le pendant chamanique La Voie du tambour, Manuel de voyage chamanique paraîtra en novembre 2022.
C’est un guide complet pour apprendre à méditer, approfondir sa technique et réaliser les états de conscience les plus raffinés selon les enseignements du bouddhisme historique.

Nous vous proposons ici les premières pages de ce manuel — les préliminaires à la méditation.
Bonne lecture !

«  La méditation a transformé ma vie de fond en comble. Que serais-je devenu sans elle ? J’ai beau chercher une réponse à cette question, mais en vain, car elle ne se pose même pas : la noble pratique apportée par le Bouddha historique fait partie de ma vie, aussi présente et vitale que ma respiration, aussi incarnée et passionnante que les sensations de mon corps.

Méditer au quotidien, ou de temps en temps, selon vos envies, est le plus beau cadeau que vous puissiez vous offrir, parce qu’en méditant, en établissant votre attention, en observant minutieusement, vous êtes de retour à l’intérieur de vous-même, là où, quelque part dans les profondeurs abyssales, tout se joue.

Sachant cela, n’hésitez pas une seconde à vous installer confortablement, à vous détendre, à fermer les yeux et à prendre une profonde inspiration : la ronde magnifique va commencer, et au centre de cette ronde, il y a le souffle.

Je vous souhaite de très belles méditations,
Laurent Huguelit 

Préliminaires — L’espace de méditation : Trente minutes de paix

Pour commencer, chère méditante, cher méditant, voici une sacrée proposition : offrez-vous une demi-heure par jour de sérénité, de tranquillité et de pratique dans un espace de méditation que vous aurez créé. Le reste du temps, pendant les vingt-trois heures et demie restantes du jour et de la nuit, c’est la vie qui se déploie librement dans toutes ses activités.

Pendant une demi-heure, trente petites minutes que vous vous accordez, tout s’arrête et il ne reste qu’ici et maintenant. Vous êtes chez vous, dans votre foyer, ou ailleurs, dans la nature, peut-être au pied d’un arbre dans un parc, en ville ; cet espace-temps vous appartient et s’ouvre au spirituel. La méditation vous tend la main, c’est une invitation. Vous pouvez y aller librement, sans aucune pression, et bénéficier des innombrables vertus de votre session quotidienne ; ou rester à rêver sur le canapé́, dans le hamac, au pied de l’arbre – mais dans tous les cas, quoi que vous décidiez de faire, c’est une offrande de trente minutes préservées du monde extérieur que vous vous faites à vous-même.

L’espace de méditation peut également être partagé en couple, en famille, en colocation, et même au travail. Tout le monde peut se réjouir de cette demi-heure de paix et de tranquillité́. Il suffit qu’il y ait un accord préalable, que les règles du jeu soient fixées en amont sur ce qui est faisable ou ne l’est pas.

Illustration : Bouddha en méditation sur le Naga, Cambodge, temple de Bayon, XIe siècle

LES TROIS JOYAUX

Il est dit que c’est en méditant ardemment, avec attention et détermination au pied d’un Ficus à Bodhygayā, dans la vallée du Gange, que Siddhattha Gotama (Siddhârta en sanskrit), prince du clan des Śākya devenu moine itinérant, a atteint l’éveil intégral. C’était il y a vingt-cinq siècles, et les aspects techniques de la méditation de celui qui était alors devenu le Bouddha (littéralement, « l’Éveillé́ », premier des joyaux) nous sont parvenus par l’intermédiaire de son enseignement, le Dhamma (ou Dharma, littéralement « la loi universelle », deuxième joyau). Et ce grâce à l’immense travail de mémoire des bhikkhus, les moines de la Saṅgha bouddhique (littéralement, « l’assemblée des moines », troisième joyau), qui ont, à travers les siècles et les lignées, su préserver cette merveille d’enseignement.

Avec ma compagne Angéline, nous sommes partis un jour du constat qu’il nous fallait un espace-temps dédié́ à la méditation, car nous nous trouvions pris au piège de nos propres activités avec nos agendas surchargés, et bien évidemment, nous n’arrivions pas à nous retrouver pour méditer en même temps. Avec les trente minutes de paix, nous avons trouvé une solution à la fois élégante et efficace au dilemme quotidien de la méditation : méditer ou ne pas méditer ? Combien de temps, à quel moment de la journée ? Avec le concours de nos esprits tutélaires, nous avons décidé que tous les jours à peu près à la même heure (aux environs de 18h30-19h00), nous ouvririons l’espace sacré de la méditation. Celle ou celui qui souhaite méditer fait le choix de s’installer sur son coussin de méditation ; le plus souvent, nous y allons ensemble, mais il arrive parfois également que l’un de nous, peu décidé à méditer assis, reste en silence sur le canapé́ à se relaxer, rêver ou tricoter...

Défaire les nœuds

Le plus étonnant dans cette parenthèse spirituelle qui demande un petit effort d’organisation au début, pour finir par s’intégrer complètement au déroulement de la journée, c’est que non seulement elle offre un espace de méditation idéal, mais en plus, le stress et la plupart des tensions accumulés au cours de la journée y sont comme miraculeusement dissous. En silence, qui plus est. Pas de négociations avec le stress, pas de querelles avec les tensions. Le silence, la présence du sacré, et les nœuds à défaire se défont tout seuls. C’est le non-agir dans toute sa splendeur, bien loin de l’aspect « transactionnel » des relations à flux tendu dont nous avons l’habitude en Occident. Cette approche silencieuse me fait penser à la manière qu’ont les Indiens kogis des montagnes de Colombie de régler les conflits et de mettre en œuvre leurs projets : ils se réunissent et méditent. Parfois quelques heures, parfois pendant des jours, des semaines. La réunion se termine lorsque l’atmosphère est limpide et que les activités peuvent reprendre de bon cœur.

Aménagements

Évidemment, le but de cette parenthèse bienvenue n’est certes pas de se contraindre à « tenir » absolument, coûte que coûte, une demi-heure – le zèle est un vilain défaut en matière de spiritualité́ ; que ce soit en famille, avec des enfants, en colocation ou avec les collègues de travail, on peut toujours trouver un moyen d’adapter intelligemment cet espace-temps aux circonstances. Le plus important est de permettre à celles et ceux qui souhaitent méditer de le faire dans les meilleures conditions – c’est là l’intention première de cette demi-heure.

SOIR OU MATIN ?

Êtes-vous plutôt une méditante, un méditant, du soir ou du matin ? À vous de le découvrir, bien sûr. La session matinale est énergisante et clarifiante, elle permet d’aborder la journée avec enthousiasme ; celle du soir active une « digestion » des impressions de la journée écoulée, avec, à la clé́, une sérénité́ retrouvée pour une nuit ressourçante.

L’espace de méditation peut être délimité dans votre lieu de vie comme un sanctuaire dédié́ dans une pièce ou dans le séjour. Selon les goûts et les couleurs, faites-vous plaisir, installez un tapis qui vous inspire et ornez-le d’un petit autel, d’un vase avec des fleurs, d’une bougie, de quelques objets significatifs. Ou faites le choix d’une sobriété́, « sans rien qui dépasse », comme c’est le cas dans certaines traditions qui ont fait de l’espace de méditation un espace « plein de vacuité́ ». Cet espace n’a pas à être constant, il peut être mobile, éphémère, et même portatif : le zafu, coussin zen traditionnel, est un espace sacré à lui tout seul, que l’on peut faire disparaître après utilisation.
L’espace dédié à la méditation se situe donc là où vous décidez de l’installer, permanent ou impermanent – le silence fait le reste. (…)  »

Extraits de La Voie du souffle, Manuel de méditation, par Laurent Huguelit, Mama Éditions, Paris, Septembre 2022

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