meditationfrance, méditation, tantra, connaissance de soi
Les archives de Meditationfrance

Le Burn Out est-il un chemin initiatique ?

Estelle Rinaudo

par Estelle Rinaudo

N’avez-vous jamais rêvé d’être emporté dans une aventure exotique, exaltante, à la recherche d’un nouveau monde où vous pourriez trouver votre juste place ?

Mon adolescence a été bercée par des histoires d’aventuriers et d’aventurières à la recherche de trésors, matériel et/ou immatériels. Fictions, témoignages, histoires vraies venues de l’autre bout du monde ont fait scintiller mon regard pendant de nombreuses années. Sur les bancs du lycée, puis sur ceux de l’université où je fis une licence de Management et d’Economie Internationale, je rêvais en secret, qu’un jour, un inconnu me prendrait par la main afin de m’initier aux mystères de l’univers.

Les années ont commencé à passer, mon rêve s’est fait plus discret, il a laissé place à mon pouvoir de réalisation qui lui était bien réel. Fille de chef d’entreprise, j’aimais jouer avec les idées puis les faire vivre, ce qui me mena dès mon entrée dans le monde du travail à rejoindre l’univers des startups qui « changent le monde ». Bercée par l’illusion d’être une héroïne en pleine bataille, je travaillais toujours plus et toujours plus vite, jusqu’au jour où, lors de l’été 2016, je me suis effondrée.

C’est une étrange sensation pour une personne accro à l’action et au travail bien fait de se retrouver, du jour au lendemain, couchée, dans un lit, sans pouvoir en sortir pendant presque deux ans.

Contrairement à Indiana Jones qui finit toujours par trouver une solution pour se relever rapidement, le Burn Out a la capacité de mettre une personne jeune et en apparente pleine forme, KO pendant de nombreuses années. Peu de gens savent qu’un Burn Out grave, c’est un arrêt maladie d’en moyenne trois ans selon la sécurité sociale.

Loin d’être glamour, le Burn Out plonge celui ou celle qui le vit dans l’obscurité intérieure, dans l’impuissance la plus totale puisqu’il est caractérisé par une série d’effondrements dont on devient le spectateur, immobilisé par un corps qui ne répond plus, par une tête qui ne fonctionne plus. D’une certaine manière, c’est tout le contraire du chemin initiatique dont parlent la plupart des livres que j’ai lu où les héros et héroïnes sont en action. Le Burn Out oblige ceux dont le mode de fonctionnement principal est l’action à passer à l’inaction.

C’est une sorte de « mort » qui peut soit nous détruire et nous faire plonger dans une spirale encore plus infernale, passant par des rechutes, de la dépression ou encore des traitements biochimiques parfois lourds et contestables, soit devenir initiatique et nous pousser, tel le Phoenix, à renaître.

Pour devenir « initiatique », un chemin doit comporter des défis qui poussent celui ou celle qui les vit à un changement de conscience intérieure. L’initiation est le passage d’un état d’être à un autre état d’être. Initiation vient du latin initiare “commencer”, initium “début”, de in ire "s'avancer dedans", "aller à l'intérieur".

De par sa nature qui nous cloue au lit et/ou nous immobilise, le Burn Out est un excellent accélérateur d’éveil intérieur. Il nous ouvre une porte, celle qui va vers l’intérieur de nous-même ; il nous déconnecte du monde pour nous offrir une meilleure connexion à notre propre lumière, la seule capable de nous guider vers une renaissance individuelle et collective.

C’est pour cela que le Burn Out, cette « maladie du siècle », grâce aux défis qu’il dresse sur la route de ceux qui le vivent, porte en lui la possibilité de se transformer du parcours du combattant en chemin initiatique.

Quels sont les 4 principaux défis sur le chemin initiatique du Light In, l’antidote au Burn Out ?

Le premier défi que nous rencontrons lorsque nous sommes en état d’épuisement est de prendre conscience des états émotionnels dans lesquels l’effondrement nous fait sombrer. Les reconnaître nous permet de mieux les accueillir afin de comprendre le processus que nous vivons. Voici les états émotionnels que j’ai pu relever à travers mon expérience ou celle de tiers :

* Le déni : La première phase est celle du déni, un état émotionnel courant avant l’effondrement et juste après. Bien souvent, nous savons consciemment ou inconsciemment que quelque chose ne va pas dans notre vie, mais n’ayant pas de réponse à nos doutes, nous nous retrouvons en inhibition d’action. Nous ne voyons pas de solution alors nous ignorons le problème.

* La colère et l’impatience : Le déni est suivi par un sentiment de colère et d’impatience. Au début de l’effondrement, on pense que cela va passer rapidement, que ce n’est qu’une mauvaise phase qui vient désorganiser notre vie déjà compliquée et qu’une fois cette crise finie, nous allons pouvoir reprendre notre ancienne vie.

* La tristesse et la culpabilité : Quand on commence à percevoir que le problème est beaucoup plus profond que ce que l’on a imaginé, on ressent de la culpabilité de ne pas avoir fait les bons choix pour se protéger, et le cas échéant, protéger notre famille. Cette culpabilité est souvent couplée à un sentiment de tristesse fort.

* L’impuissance : Que faire lorsque l’on a le sentiment que l’on ne peut rien faire ? Comment se sentir fort et libre lorsque l’on ne tient plus debout ? L’impuissance est l’une des phases les plus difficiles à vivre par ceux et celles que l’épuisement prive de leur réaction favorite : l’action.

Le désespoir, l’apathie et la mort émotionnelle peuvent dans certains cas suivre. Chaque personne, selon son état d’épuisement, va expérimenter un ou plusieurs de ces états émotionnels. Le défi suivant va consister à modifier la perception de ce que l’on est en train de vivre afin de transmuter des émotions néfastes en émotions positives, ou du moins, neutres dans un premier temps. Sortir du jugement de ce qui devrait être, du bien et du mal, dépasser notre vision limitée de la vie pour ne plus associer le Burn Out et toutes ses complications comme un échec ou une « maladie » mais comme un processus de reconstruction interne qui prend du temps, est essentiel pour arriver à désactiver les émotions négatives. Trouver un sens à ce que l’on vit pour sortir de la posture d’impuissance va nous permettre de passer au troisième défi : la reconquête de nos libertés intérieures.

Nous n’avons pas une liberté, nous en avons plusieurs, cela nous l’oublions trop souvent. Lorsque l’on veut prévenir ou guérir un Burn Out ou même une autre pathologie, notre marge de manœuvre extérieure est souvent limitée par des contraintes physiques et matérielles sur lesquelles nous n’avons pas forcément de contrôle. Ne restent que nos libertés intérieures sur lesquelles nous pouvons influer. Quelles sont-elles et comment les utiliser ?

Sur mon chemin vers le Light In, j’ai pu moi-même expérimenter quatre types de libertés intérieures, celles que nous procurent notre tête, notre cœur, nos mains et enfin, celles que nous procurent un corps unifié. Les indiens, qui avaient compris cela depuis bien longtemps, insistent sur le fait qu’une bonne éducation, une éducation complète, ne peut se faire qu’à travers les « 3H », autrement dit "Heart, Hands, Head", le cœur, les mains et la tête.

Le Light In nous amène à redécouvrir nos libertés inaliénables, notre corps, nos sens, nos envies, qui vont se révéler indispensables pour relever le plus grand défi de ce chemin initiatique : ramener la cohérence à l’intérieur de notre corps et dans notre vie.

Ces différents outils vont nous permettre d’augmenter la cohérence de tout notre être en créant des vagues de cohérence intérieure qui vont cheminer du dedans vers le dehors, et impacter non seulement notre corps physique mais aussi notre vie. Plus nous multiplions les actes de micro-cohérence, plus nous remettons de l’ordre, ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on se retrouve dans une position où nous devons tout reconstruire.

Ce dernier défi est le plus important car les racines du Burn Out trouvent leur origine dans l’incohérence qui se crée peu à peu dans le corps et dans la vie d’une personne, jusqu’à l'amener à un niveau avancé d’incohérence élevé que l’on peut mesurer grâce aux différents états de la Fleur de l’être.

La synchronicité, le manque, la frustration, le doute et la perte de sens sont les principaux états allant de la cohérence à l’incohérence. Ils caractérisent un état d’équilibre intérieur optimal mais aussi les différents états de Burn Out, de la simple alerte au Burn Out dangereux.

Pour ceux et celles qui savent voir au-delà des apparences, le Burn Out devient le guide qui va, grâce aux nombreux défis qui l'accompagnent, les initier à une nouvelle compréhension d'eux-mêmes et du monde qui les entoure. Le Burn Out n’est pas le problème, c’est le doigt qui pointe le problème. Mon Burn Out n'a été qu'une injonction de mon corps à mettre fin à une vie qui avait perdu son sens, sa cohérence. C’est ainsi que j’ai découvert que le Burn Out pouvait aussi être un chemin initiatique.

Peut-être êtes-vous, vous aussi, sur le point de débuter ce grand voyage intérieur ? Si c’est le cas, sachez que nul n’a besoin de voyager aux quatre coins du monde pour se reconnecter à sa lumière intérieure et s’engager sur son propre chemin initiatique. Comprendre cela, à l’ère des confinements sanitaires et des restrictions de nos libertés les plus fondamentales, nous ouvre de nouvelles possibilités.

 

Publié chez Le Souffle d'Or
Cliquez pour commander le livre d'Estelle Rinaudo, Du Burn Out au Light In

Du burn out au light in