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Dossier spécial
Mouvements sacrés de Gurdjieff

« Rappelez-vous à vous-mêmes » G. I. GURDJIEFF

Vidéo interview d'Amiyo Devienne et images des mouvements dits de Gurdjieff et danses sacrées

L'instructrice Amiyo Devienne et son compagnon Chetan Greenberg travaillent dans le monde entier y compris en France. Ils proposent des stages sur les mouvements dits de Gurdjieff et la méditation. Amiyo a accepté de répondre à nos questions dans sa maison en Provence. Le mystique Gurdjieff créa environ 250 mouvements ou danses sur une musique spécialement conçue pour eux, d’une grande variété et précision, issus de traditions anciennes spirituelles : soufies, bouddhistes, taoïstes, gnostiques ou créés par lui-même pour l'Homme moderne. Objectif : Développer par la danse et le mouvement un état de conscience plus raffiné, à la fois détendu et alerte qui nous libère de nos actes, schémas de pensée et réactions émotionnelles automatiques.


Un article de Johanna Haggarty traduit de l’anglais :
GURDJIEFF/ DANSES SACRÉES

Les exercices et les danses que M. Gurdjieff nous a apportés, appelés "danses sacrées" ou plus généralement "mouvements", jouent un grand rôle dans son enseignement. Ils comprennent des danses sacrées issues de nombreuses traditions différentes ainsi que celles qu'il a lui-même créées. Presque tous ceux qui en sont témoins, ou qui y participent, estiment qu'elles ont une qualité très particulière qui est facilement reconnaissable mais pas facilement explicable.

Il a été dit que ces mouvements ont un double objectif : contenir et exprimer une certaine forme de connaissance et, en même temps, servir d’outil pour acquérir un état d'être harmonieux. En raison de leur construction consciente, ils servent un objectif supérieur dans lequel ces deux aspects finissent par s'unir. De cette façon, le corps humain peut agir, transmettre et rendre service. Fondamentalement, toutes les danses sacrées ont pour objet le mouvement et l'être en mouvement. On pourrait les appeler "méditation en mouvement". Elles se rapportent à un monde auquel on accède par le corps, mais qui est bien plus que physique. Peut-être pourrions-nous simplement dire, avec les Indiens d'Amérique, que nous pouvons en arriver à "marcher d'une manière sacrée".

Que l'on travaille en classe ou que l'on regarde, on ne peut pas ne pas être frappé par l'énorme variété du matériel. Chaque mouvement a son propre caractère. Il y a des mouvements d'une grandeur incomparable, apparemment apportés par différents ordres spirituels. Il y a ceux que M. Gurdjieff a lui-même composés dans une gamme apparemment illimitée, du plus simple au plus complexe, de la danse à la prière. Ce ne sont pas des variations sur un thème. Chacune a sa propre forme, son propre langage. Chacune a sa demande particulière et sa déclaration unique. Aucun mot ne peut exprimer adéquatement une telle maîtrise.


L’inventivité de Mr Gurdjieff est à couper le souffle.

C'est comme si chaque mouvement était tombé du ciel dans toute sa complexité. Chacun d'entre eux est capable de produire des impressions spécifiques sur les spectateurs et les participants. Ces impressions, si l'on peut être là pour les recevoir, donnent à chacun un "goût" (ou un "aperçu" ou même, pourrait-on dire, une "vibration") spécifique. En même temps, si l'attention peut être soutenue, un processus intérieur se déroule.

Se rassembler - Lorsque les gens rejoignent pour la première fois une classe de mouvements, ils sont loin de savoir à quoi s'attendre. Au nom de la connaissance de soi ou de la croissance personnelle, ils acceptent certaines conditions extérieures, dont une discipline considérable. En bref, ils acceptent d'essayer de participer du mieux qu'ils peuvent et de comprendre ce qui leur est demandé. L'enseignant s'efforce d'encourager une atmosphère de confiance et de respect mutuels afin que les participants puissent s'ouvrir à de nouvelles possibilités plutôt que d'être bloqués par l'autodévalorisation ou l'anxiété.

De telles conditions ne sont pas particulièrement inhabituelles. Certaines séquences de postures sont prises, avec des positions simples mais clairement définies du tronc, des membres et de la tête, souvent à une marche ou à un autre rythme simple des pieds. Ce qui n'est pas si habituel, c'est la demande incessante d'attention. L'appel est d'être éveillé au corps, quoi qu'il fasse. Cela peut varier considérablement en l'espace d'une heure. À un moment donné, il peut y avoir une marche rapide, à un autre moment un mouvement silencieux et subtil en position assise, puis une lutte pour entrer pleinement dans un rythme très rapide, puis une flexion lente à un rythme exact, et ainsi de suite. Il est également demandé à la classe d'être éveillée dans le mental, de suivre des combinaisons et des séquences inhabituelles de mouvements , de rhythme et de déplacements des bras et des jambes. Les conditions sont telles que rêver, c'est perdre le contact et faire une erreur. Cependant, tant que la qualité de l'attention est présente, il est possible de se détendre et de devenir plus calme à l'intérieur, tout en restant fidèle aux mouvements prévus.

Tout cela n'est pas le fruit du hasard. Il ne s'agit pas de postures, de rythmes appris dans n'importe quel ordre. Les mouvements, et les exercices préparatoires qui y conduisent, sont construits de manière à permettre des expériences très différentes de celles qui sont habituelles. Cela est rendu possible par un relâchement des connexions intérieures habituelles par lesquelles nos postures, nos pensées et nos sentiments sont liés dans notre propre maillage caractéristique d'états et d'expériences subjectifs. Plus la liberté devient possible, plus l'action des mouvements permet une ouverture différente sur un monde inconnu, au plus profond de soi. Dans ces conditions plus objectives, les mouvements, l'enseignant et la classe se réunissent dans une combinaison subtile et dynamique.

Il est très difficile de transmettre quelque chose de l'expérience réelle des mouvements à ceux qui n'y ont pas goûté. Au mieux, il peut s'agir d'une succession de moments vifs et vivants dans lesquels je lutte et dans lesquels, par flash, je me vois. C'est une participation à laquelle je m'associe librement et dont je sors éveillé.

JOHANNA HAGGARTY
Article traduit de l’anglais.

Article MATIERE ET ESPRIT par Amiyo Devienne

Dans le rythme et la légèreté des mouvements, l'esprit peut apparaître. Dépasser la forme et la manifestation extérieure pour aller vers l'évocation et l'esprit est une étape importante.
À chaque niveau de l'apprentissage, une forme existe, visible et invisible. Elle existe au fur et à mesure que le mouvement se développe, puis dans la transformation progressive du sens qu'il offre. Nous devons être constamment attentifs à ce qui est éveillé au moment où ce qui est à l'intérieur surgit et rencontre ce qui vient de l'extérieur. Ce processus même où quelque chose d'invisible et de caché devient à tous les niveaux dans les 3 centres, physique, émotionnel et mental

Le danseur agit comme un médium, permettant aux mouvements de le traverser et de le colorer, plutôt que d'essayer de les manipuler. Nous n'interprétons jamais les mouvements, nous les vivons dans leur nudité et leur pureté, puis parfois dans un moment de grâce, certaines qualités cachées peuvent être révélées.

Bien sûr, le silence intérieur est nécessaire, il faut créer un vide, un silence à l'intérieur de soi-même, pour permettre la croissance de la pleine potentialité de sa réalité. Le silence est le signe d'un véritable langage universel, il faut être intérieurement calme. Cela signifie que nous ne sommes pas prisonniers d'émotions turbulentes. Ce calme n'est pas la mort des sentiments, ni la rigidité, mais une conscience fluide qui nous permet de répondre avec liberté à tout changement de situation. Si nous sommes déjà saisis par une émotion forte, elle nous remplit intérieurement. Il n'y a pas de place pour une autre expérience.

Nous devons accepter que l'invisible se révèle de manière imprévisible, en son propre temps.
L'invisible n'est pas obligé de nous plaire et de devenir visible. Le sacré n'est pas si facile à faire apparaître. Mais il peut se révéler n'importe où, n'importe quand, à travers n'importe qui, lorsque les conditions sont réunies.
La clé est d'être totalement dans le présent. Sentez le moment présent de manière intense, et ….quand le geste est juste, le regard juste, l'attention juste, l'échange juste... Alors l'invisible peut apparaître à travers une forme.

Le sacré est une transformation, en termes de qualité, de quelque chose qui n'est pas sacré au départ. L'invisible apparaît à travers le visible, qui est notre vie.

L'invisible contient des sources d'énergie très puissantes.

Le danger est de s'accrocher à la forme, à la beauté extérieure des mouvements, et de perdre le contact avec l'intérieur. Mais alors, la forme est morte. Nous devons constamment chercher ce qui anime la forme, la rend vivante et profonde, ne pas se préoccuper uniquement de l'effet extérieur, mais écouter ce qui se déplace vers l'intérieur, sur le plan énergétique et psychologique.

Le défi est de garder une partie de notre attention tournée vers l'intérieur, sans se séparer de ce qui nous entoure : le tempo de la musique, les lignes des danseurs, la longueur des pas, le tonus d'un bras.

Dans les deux mondes en même temps.

Cliquez ici pour voir leur stages : www.meditationfrance.com/therapie/amiyo/programme.htm

Site internet (en plusieurs langues) : http://gurdjieff-dances.com/fra/