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Interview de Grégory Mutombo

Grégory Mutombo

réalisée par Patricia Menetrey

Ancien parachutiste et officier de la gendarmerie, Grégory Mutombo a sillonné pendant 18 ans une terre en proie aux guerres, à la terreur et aux dissensions, rencontrant l’Humanité dans ses aspects les plus sombres, mais parfois aussi les plus éclairés.

Son livre, « La symphonie des âmes » aux éditions Guy Trédaniel, nous décrit de manière admirable comment faire la paix d’abord à l’intérieur de soi, seule issue véritable aux conflits de l’existence.

Patricia Menetrey: Votre livre est une puissante invitation: se mettre enfin à l’écoute de son âme. Est-ce que vous donnez des clés ?

Grégory Mutombo: Oui c’est une invitation, mais une invitation ferme, qui ne vient pas de moi, mais de notre époque actuelle. L’époque que nous vivons ne laisse plus beaucoup de place pour tous les mensonges que nous nous racontons. Il est temps de se mettre à l’écoute de notre vérité intérieure.
Dans le livre il y a un certain nombre d’outils : j’examine toutes les fuites de l’égo, et elles sont nombreuses.
Cet examen nous mène toujours au même constat : que les fuites sont des voies sans issue.

Nous sommes les créateurs, les responsables de notre existence. Tant que nous n’accepterons pas cette pleine conscience, que tout ce qui m’arrive en permanence ne vise pas à me faire fuir le monde ou le détester, nous resterons dans ce statut de victime. Pour en sortir, il faut au contraire diriger ma conscience vers le centre, de voir ce qui s’y trouve: quels sont ces espaces de non vérité qui se manifestent dans le corps physique par de l’inconfort, de l’énergie émotionnelle, ou un mal être existentiel.
C’est ce que je pointe en permanence. Nous avons cet outil qui est notre corps physique.
Qu’est-ce que je fais de ce que je sens-là, dans cette matière corporelle.

On ne vient pas sur terre pour faire, mais pour être. Le faire est la manifestation de l’être.
L’être humain trop souvent veut fuir ses sensations, tout ce qui lui est inconfortable. La tentation est de trouver une solution hors de soi : loisirs, produits, nourriture, joujoux; tout ce qui vient anesthésier cette partie en souffrance.
Il nous manque le courage de diriger la conscience vers ces espaces-là.
Tout le monde a un corps physique sur cette terre, jusqu’à preuve du contraire. Cet outil fantastique, merveilleux, extrêmement élaboré et intelligent, pour réaliser sa nature véritable.
C‘est donc extrêmement simple : tout ce que je sens en moi, qui est autre chose que paix, sérénité, joie, amour, relève d’un espace de non amour, sur lequel je dois impérativement poser ma conscience. Chercher à l’extérieur reste une fuite permanente en avant, qui entretient l’idée de séparation.
Tout mon travail, consiste à pointer du doigt cette croyance, afin que la conscience aille se porter amoureusement dans tous ces espaces, qui sont des espaces de séparation.
Vaincre la peur, la peur de la peur, les jugements sur soi, sur notre pseudo imperfection, et ainsi permettre l’acte d’amour ultime, qui est d’ouvrir son cœur afin de déverser sa substance dans tous ces espaces-là.

Vous écrivez dans votre livre que toute souffrance vient de l’idée de la séparation de la Source…Comment retrouver le sentiment que je suis unie à la Source?

L’idée originelle que je suis le corps physique est tenace.
Continuer de croire que je suis né le jour de ma date de naissance, et donc qu’il y a une date potentielle de ma mort, fait que j’attire à moi, j’aspire dans mes cellules cette peur de mourir, de souffrir, d’être agressé, de ne pas être aimé, etc.
Accepter que ce que j’ai cru être vrai, ne l’est pas forcement, permet de me détacher et peut être de m’emplir de l’idée que je ne suis pas une sorte d’âme, d’esprit dans un corps, mais que je suis tout ce entoure ce corps, et que ce corps est en moi.

Cela suppose d’oeuvrer sur le champ émotionnel, avec toutes les stimulations que je subis des uns et des autres. Il y a une attraction magnétique du corps qui ramène tout à lui, et qui me pousse à croire que je suis la colère, la peur, la tristesse. S’il n’y avait pas cette force magnétique dans le corps, on n’y resterait pas.

Se sentir responsable de ce que l’on ressent en soi , ne plus en accuser les autres, permet d’entrer dans cette oeuvre alchimique intérieure.

Je ne suis pas là pour convaincre ceux qui sont attachés à leur identité, à leur personnalité…la vie s’en charge. La vie se charge de stimuler à un point tel ce qui est faux en eux, elle engendre tellement de situations douloureuses, qu’à un moment donné, l’égo cède.
Plus je résiste à la vérité, à cette évidence, plus je souffre. Donc il ne s’agit pas de se demander si oui ou non, cette humanité va réussir ou parvenir à goûter à sa nature véritable, mais bien de se demander pendant combien de temps elle va tenir à ne pas le faire.
Et nous voyons bien que cette résistance-là empêche la vie de circuler de manière fluide et harmonieuse.

Est-ce que je suis cette construction temporelle comme l’on dit mes parents, mes enseignants, mon employeur, le miroir… Ou suis-je autre chose que ça? Répondre à cette question nécessite une prise de hauteur, un détachement initial.
La souffrance dont nous parlons en ce moment, n’est reconnaissable que depuis un espace qui ne souffre pas. Si la souffrance était notre état naturel nous ne serions pas en capacité de la décrire, de la commenter, de la pointer. Chacun d’entre nous possède intrinsèquement cet espace de pure vérité.

Vouloir parler aux êtres de «La vérité » ne sert à rien. Dire «vous êtes pure lumière, pur amour » n’a aucun intérêt. C’est en empruntant le chemin le plus court : amener leur conscience vers les espaces en eux qui sont faux. Et alors, leur proposer de vivre peut être une autre expérience. Puisqu’ils ont déjà tout tenté pour s’extirper de cette souffrance à l’extérieur, ils savent que rien n’a fonctionné hors de soi. Les seuls chemins qui mènent à l’unité, à la réalisation de cet état véritable, sont des chemins de désidentification du corps physique, de détachement de la matière pour ensuite mieux l’embrasser. Un chemin de responsabilité, d’autonomie et d’amour universel, amour bien ordonné commençant par soi-même.

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Pour mettre de la conscience sur ces ressentis, qu’est-ce que vous proposez ? La méditation ?

Tout repose là-dessus, tout repose sur cette capacité à être observateur, à ne plus être l’acteur irresponsable.
Souvent je propose dans les séminaires que j’anime, un exercice préparatoire à la méditation.
La méditation c’est la vie, ce n’est pas une action, c’est un état.
Un état qui est la cessation de la lutte, de la résistance. C’est un état qui est respiration avec l’univers.
Je les invite dans ces exercices à observer lorsqu’ils ne sont plus dans l’action, dans le faire, d’observer ce qui se passe à l’intérieur.

Posez des personne sur une chaise, les yeux fermés, demandez-leur d’observer ce qui se passe, un grand nombre d’entre eux deviennent fous. (Rires) Il y a tellement de turbulences à l’intérieur, il y a tellement de chantier, de lignes de front. C’est trop explosif, donc je propose quelque chose qui soit dynamique, comme de mettre le corps en mouvement. Je leur demande alors d’observer leur respiration, les yeux clos, je leur propose d’observer alors ce qui se passe lorsqu’ils ne sont plus dans l’action ou dans le faire. Et lors de ces ressentis, de leur permettre d’expérimenter que n’est pas moi qui respire, mais bien l’univers qui respire à travers moi.

Ce temps-là est parfois fugace. Le champ mental est tellement entrainé à absorber des pensées que l’on croit être siennes, mais au fur et à mesure, chacun peut entrer en contact avec sa nature véritable.
On me dit au bout d’une heure de méditation : je ne voulais pas en sortir… mais pourquoi en es-tu sorti et pour aller où d’abord? C’est ça qui est drôle, n’est-ce pas ? Alors oui, atteindre ce point de bascule, où demeurent en nous suffisamment de calme, de paix, de sérénité, afin de devenir l’observateur, puis l’observateur de celui qui observe et ainsi de suite jusqu’à remonter à l’origine; oui, atteindre ce point demande un petit peu de pratique, d’exercer comme un muscle, le muscle du retour à la paix. Cet état n’est pas une action, mais notre état naturel de fluidité, de vacuité. Un état qui nous accompagne dans la vie, un état qui demeure, quelles que soient nos activité, et non uniquement dans un court moment de pratique méditative.

Vous dites à propos du pardon que c’est l’égo qui pardonne, pouvez-vous nous éclaircir sur cette vision

C’est là un clé essentielle. A une autre époque, d’autres êtres sont venus afin de nous proposer le pardon. C’était il y a fort longtemps. Mais nous vivons dans une autre époque, depuis la terre est montée en vibration.
Qui est celui qui pardonne ? Celui qui pardonne est toujours la victime. Nous restons dans le postulat que je suis une victime et que l’autre est le fautif puisqu’il commit une action qu’il n’avait pas à commettre contre moi. Tout cela est faux. Si cela a été commis, c’est qu’un espace en moi qui n’est pas l’égo a demandé à vivre ça, dans le but de grandir, de gagner en connaissance intrinsèque, d’être davantage dans l’amour. Alors oui, si je pardonne c’est donc que j’ai considéré que malgré la faute de l’autre, j’allais lui octroyer avec ma grandeur d’âme et après mure réflexion, cette sorte d’absolution par rapport à ce qu’il a commis.
Dans ce cas, je demeure strictement enfermé dans l’égo, dans la personnalité, et donc je serai forcement contraint de revivre une situation identique pour accéder à l’étape supérieure qui est celle de la reconnaissance, de la notion de responsabilité que tout ce qui advient dans mon existence n’a qu’un seul but et un seul : que je sois complet, uni, et en reconnaissance de ma nature divine qui crée tout ce qui est là.

L’état de gratitude qui est la marche supérieure ou ultime après celle du pardon, ne peut être goûté, perçu, vibré que depuis un espace où je me sais responsable au centre de ce monde, et que tout ce qui nous est donné est pour nous. Il n’y a rien qui soit contre nous.
Tout est conformément donné en fonction de notre volonté…certainement pas la volonté de l’égo. L’égo lui veut juste être conforté dans sa posture.
De manière unanime, reconnaissons que la terre n’est pas le meilleur endroit pour tenir ça !!!
Alors pourquoi venons-nous là?
Cette notion de gratitude est une clé fondamentale pour retrouver son pouvoir. Non pas le pouvoir contre les autres, mais notre pouvoir intrinsèque.
Oui, il faut passer par le pardon, mais lorsque je suis encore dans la croyance que l’autre a tord, le pardon n’est même plus accessible.
Il faut changer nos croyances afin de réaliser que tout ce qui m’est donné à vivre l’est pour ma propre évolution, rien n’est contre nous.
Le sentiment de gratitude devient accessible lorsque j’ai enfin compris cette notion.
Toutes les âmes sur terre sont là, afin de se hisser à ce dernier palier.

Lorsque j’expérimente cet état de gratitude, est-ce que je retrouve enfin mon pouvoir créateur ?

Le pouvoir de création ne change pas, je goûte désormais à des créations qui émanent d’un coeur uni.
Je ne suis pas plus créateur, c’est tout simplement qu’auparavant, je me croyais séparé de mes créations.
La seule différence est désormais de ressentir avec une joie pure, cet état intérieur qui se déverse comme une cascade cristalline sur le paysage environnant.

Patricia Menetrey pour meditationfrance.com
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