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Être un rêveur

rêver

Par Osho

Friedrich Nietzsche dit dans l'une de ses déclarations: "La plus grande calamité s'abattra sur l'humanité, le jour où les rêveurs disparaîtront." Toute révolution humaine s’est faite parce que l'homme en a rêvée. Ce qui était rêve hier est réalité aujourd'hui et ce qui est rêve aujourd'hui peut devenir une réalité demain.

Tous les poètes sont des rêveurs, tous les musiciens sont des rêveurs, tous les mystiques sont des rêveurs. En fait, la créativité est un sous-produit du rêve.

Mais ces rêves ne sont pas de ceux que Sigmund Freud analyse. Il faut donc faire la distinction entre le rêve d'un poète, le rêve d'un sculpteur, le rêve d'un architecte, le rêve d'un mystique, le rêve d'un danseur - et le rêve d'un mental malade.

II est regrettable que Sigmund Freud ne se soit jamais préoccupé de ces grands rêveurs qui sont à la base de l’évolution de l’humanité. Il n’a rencontré que des malades psychologiques ; et comme il a consacré toute sa vie à 1'analyse des rêves de psychopathes, le mot "rêve" a de plus été condamné. Le fou rêve, mais son rêve le détruit. L'homme créatif rêve aussi, mais son rêve enrichit le monde.

Cela me rappelle Michel-Ange. Un jour qu'il traversait un marché où toutes sortes de marbre étaient disponibles, il vit un superbe bloc de pierre. Il se renseigna. Le marchand lui dit : "Si vous voulez ce marbre, je vous le donne, il m'embarrasse. En douze ans, il n'a intéressé personne ; et moi non plus, je n'en vois pas le potentiel."

Michel-Ange emporta le bloc, le travailla pendant toute une année et en fit peut-être la plus belle statue qui ait jamais existé. Il y a quelque temps, un fou a essayé de la détruire. Elle est au Vatican; c'est une statue de Jésus Christ gisant dans les bras de sa mère Marie, après la descente de croix. Je n'en ai vu que des reproductions, mais elle est si vivante, comme si Jésus allait se réveiller à tout instant. Mais il a travaillé le marbre avec un tel art que vous sentez aussi bien la force de Jésus que sa fragilité. Et il y a des larmes dans les yeux de Marie, la mère de Jésus.

Il y a juste quelques années, un fou a frappé la sculpture de Michel-Ange avec un marteau et quand on lui en demanda la raison, il répondit : "Moi aussi, je veux devenir célèbre. Michel-Ange a dû travailler un an sur cette statue ; puis il a été célèbre. Je n'y ai travaillé que cinq minutes et je 1'ai totalement détruite. Mon nom fait les titres à la une de tous les journaux de la planète."

Les deux hommes ont travaillé sur le même morceau de marbre. L'un était un créateur, l'autre était un fou.

Une année plus tard, Michel-Ange demanda au marchand de passer chez lui, car il souhaitait lui montrer quelque chose. Le marchand n'en crut pas ses yeux, il demanda: "Où avez-vous obtenu ce marbre extraordinaire ?"

Michel-Ange rétorqua : "Ne le reconnaissez-vous pas ? C'est la vilaine pierre qui attendait depuis douze ans devant votre échoppe." Je me rappelle de l’anecdote parce que le marchand demanda : "Comment en êtes-vous arrivé à penser que cette vilaine pierre pouvait être transformée en une statue aussi belle ?"

Michel-Ange répondit : "Je n'y ai pas pensé. Je rêvais de faire cette statue. Lorsque je suis passé à côté de ce morceau de marbre, j'ai vu tout à coup Jésus qui m'appelait : "Je suis prisonnier de cette pierre. Libère-moi ; aide-moi à sortir du marbre."

J'ai vu avec précision la statue dans la pierre. Je n'ai donc eu que peu de travail; j'ai ôté ce qui encombrait, et Jésus et Marie ont été libérés de leur prison."

Cela aurait été une contribution extraordinaire si, au lieu d'analyser les malades et leurs rêves, un homme du calibre de Sigmund Freud avait travaillé sur les rêves des gens psychologi-quement sains, et non seulement sur eux, mais aussi sur les rêves des gens créatifs. L'analyse de leurs rêves révélera que les rêves ne sont pas tous des répres-sions. Elle révélera qu'il y a des rêves qui naissent d'une conscience plus créative que celle des gens ordinaires. Leurs rêves ne sont pas malsains, leurs rêves sont authentiquement sains. Toute l’évolution de l'homme et de sa conscience repose sur ces rêveurs.

Toute l'existence est une unité organique. Non seulement vous vous tenez les mains les uns les autres, mais vous tenez aussi celles des arbres. Vous ne vous contentez pas de respirer ensemble, tout l’univers respire à l’unisson.

L'univers est en profonde harmonie. Seul l’homme a oublié le langage de l’harmonie, mais mon travail ici est de vous le rappeler. Nous ne créons pas l'harmonie ; 1'harmonie est votre réalité. Vous l'avez tout simplement oubliée. Elle peut être si évidente qu'on a tendance a l’oublier. Vous êtes peut-être né dedans ; comment pourriez-vous y penser ?

Une vieille fable raconte qu'un poisson à tendance philosophique demandait aux autres poissons : "On m'a tellement parlé de l’océan, où est-il ?" Et il était dans 1'océan ! Il était né dans l’océan, il y vivait ; il n'y avait jamais eu de sépara­tion. Il ne voyait pas l’océan comme quelque chose de séparé de lui. Un vieux poisson attrapa le jeune philosophe et lui dit : "Nous sommes dans l’océan."

Mais le jeune philosophe rétorqua : "Vous plaisantez. Ceci est de l'eau et vous l’appelez océan. Je dois encore poser la question à d'autres sages."

Un poisson n'en vient à connaître l'océan que lorsqu'un pêcheur le capture, le sort de l’océan et le jette sur le sable. Alors, pour la première fois, il comprend qu'il a toujours vécu dans l’océan, que l’océan est sa vie et qu'il ne peut pas survivre hors de l'océan.

Mais, avec l’homme, il y a une difficulté. On ne peut pas vous sortir de l’existence. L'existence est infinie, il n'y a pas de plages où on peut être seul pour regarder l’existence. Où que vous soyez, vous ferez partie de l’existence.

Nous respirons tous de concert. Nous faisons partie d'un seul orchestre. Le comprendre est une grande expérience - ne l’appelez pas rêve, car à cause de Sigmund Freud, on a donné au mot rêve une connotation erronée. C'est l’un des mots les plus beaux qui soient, il est poétique.

Juste être en silence, juste être joyeux, juste être - dans ce silence, vous sentirez que vous êtes uni aux autres. Quand vous pensez, vous êtes séparé des autres car vous pensez et les autres pensent différemment de vous. Mais si vous êtes en silence tous les deux, alors entre vous tous les murs disparaissent.

Deux silences ne peuvent pas rester deux. Ils se font un.

Toutes les grandes valeurs de la vie – l’amour, le silence, la béatitude, l’extase, le divin - vous font prendre conscience d'une immense unité. Il n'y a personne d'autre que vous ; nous sommes tous des expressions différentes d'une seule réalité, différents chants d'un seul chanteur, différentes danses d'un seul danseur, différents tableaux - mais il n'y a qu'un seul peintre.

Mais ne l’appelez pas rêve, parce qu'en lui donnant ce nom vous ne pouvez pas comprendre que c'est la réalité. La réalité est bien plus belle qu'un rêve ne pourra jamais l’être.

La réalité est plus psychédélique, plus colorée, elle contient plus de joies, plus de danses que vous ne pourrez jamais l’imaginer. Mais nous vivons tellement inconsciemment...

Notre première inconscience, c'est de penser que nous sommes séparés. Mais je vous I'affirme, aucun homme n'est une île ; nous faisons tous partie d'un vaste continent. II y a de la variété, mais cela ne nous sépare pas. La variété enrichit la vie - une part de nous se trouve dans l’Himalaya, une autre dans les étoiles, une autre dans les roses. Une part de nous se trouve dans l’oiseau qui vole, une autre dans le vert des arbres. Nous sommes partout. En faire l’expérience en tant que réalité transformera complètement votre approche de la vie, transformera le moindre de vos actes, transformera votre être.

Vous serez plein d'amour ; vous serez rempli du respect de la vie. Selon moi, pour la première fois, vous serez vraiment religieux - pas chrétien, hindou ou musulman - mais vraiment, purement religieux.

Le mot religion est beau. Il vient d'une racine qui signifie réunir ceux qui sont séparés par l'ignorance ; les réunir, les réveiller pour qu'ils puissent voir qu'ils ne sont pas séparés.

Alors, il vous sera même impossible de faire souffrir un arbre. Votre compassion et votre amour seront spontanés - pas cultivés, pas comme une discipline. Quand l'amour est une discipline, il est faux. Quand la non-violence est cultivée, elle est fausse. Quand la compassion est alimentée, elle est fausse. Mais s'ils viennent spontanément, sans aucun effort de votre part, alors ils ont une réalité si profonde, si exquise...

Au nom de la religion, tant de crimes ont été commis dans le passé. Les religieux ont tué plus de gens que quiconque. Bien sûr, toutes ces religions étaient fausses, pseudos.

La religion authentique est à naître.

Lorsqu'il a publié son histoire du monde - un travail extraordinaire - on a demandé à H.G.Wells : "Que pensez-vous de la civilisation ?"

II a répondu : "C'est une bonne idée, mais quelqu'un devrait s'occuper de la réaliser."

Jusqu'à présent, nous n'avons pas été civilisés, cultivés, religieux. Au nom de la civilisation, au nom de la culture, au nom de la religion, nous avons commis toutes sortes d'actes barbares, primitifs, inhumains.

L'homme s'est terriblement éloigné de la réalité. Il faut l'éveiller à la vérité que nous sommes un. Ce n'est pas une hypothèse ; c'est l’expérience de tous les méditants, sans exception, depuis le fond des âges, toute l'existence est une, une unité organique.

Ne prenez donc pas une belle expérience pour un rêve. La qualifier de rêve annule sa réalité. On ne doit pas changer la réalité en rêve, on doit rendre les rêves réels.

Extrait du livre Créativité
livre en français publié par les éditions Almasta En vente également sur amazon.fr

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