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Le monde a besoin d’un homme nouveau : Zorba le Bouddha !

par Emmanuel Moulin

En ce début de troisième millénaire, il me semble qu’il est plus que temps de se poser les bonnes questions : est-ce que nous apportons les bonnes solutions à nos problèmes d’aujourd’hui ?

Est-ce que c’est plus d’Etat, plus d’institutions, plus de bureaucratie, plus de police, plus de guerres qui vont améliorer le monde d’aujourd’hui ? Est-ce que c’est au contraire plus de libéralisme, moins de bureaucratie, moins de police et plus de manifs pacifistes qui vont rendre le monde plus harmonieux ? Est-ce que vous pensez sincèrement que l’élection de X ou Y peut changer quelque chose en profondeur ?

J’ai moi-même étudié les sciences économiques à l’université de Grenoble (j’ai suivi un cursus d’économie internationale et de politique économique) et j’ai cru sincèrement au départ comme la plupart des gens que nous pouvions réellement changer le monde par la politique mais mes recherches ainsi que mon expérience de la vie m’ont amené à changer rapidement d’avis.

En prenant conscience de l’influence négative de l’ego et du mental dans ma propre vie et lorsque j’ai compris que c’était un peu pareil pour presque tous les individus, j’ai donc alors réalisé qu'on ne pourrait pas changer grand chose en commençant par le haut. L’homme a encore trop de peurs, trop de violence et de conditionnements pour qu’on puisse créer un monde harmonieux. Des hommes remarquables comme Arnaud Desjardins, J. Krishnamurti, Osho et bien d’autres bien sûr m’ont ouvert les yeux sur une nouvelle dimension : l’intériorité de l’être humain.

La plupart des gens ne sont pas équilibrés, harmonieux ni même relaxes, comment voulez-vous que le monde soit harmonieux ?

J’ai bien sûr été en faculté très seul à penser ainsi même si la plupart des étudiants de mon séminaire reconnaissaient une certaine vérité à mes propos...mais tout de même, mes idées signifiaient une remise en cause totale de la politique et de la vision occidentale du développement des sociétés.

En occident, nous connaissons très mal la spiritualité orientale et sa vision basée sur la transformation de l’individu et la réalisation du Soi. Pour les économistes ou les politologues de Sciences Po, cela est une pure perte de temps !

Et pourtant, 12 ans après avoir quitté le monde universitaire, 12 ans pendant lesquels j’ai pris soin de mon être, je suis persuadé que notre défi aujourd'hui en 2006 est la rébellion individuelle pas la révolution sociale. La rébellion n’est pas un phénomène de masse, c’est l’individu qui se change lui-même. Il ne se bat pas contre les structures du pouvoir mais il met au contraire son énergie dans la transformation de son être.

Je crois que si des millions de personnes passent à travers cette rébellion spirituelle, alors le monde sera différent.

Si vous vous engagez en politique, si vous vous battez pour des idées, pensez-vous alors que vous allez pouvoir transformer le monde et changer la situation actuelle ? Vous allez en réalité devenir comme ces gens que vous combattez. C’est un principe fondamental de la vie que j’ai souvent observé auprès de certaines personnes d’extrême gauche par exemple qui sont violentes au nom de la paix et de la justice dans le monde ! Et l’histoire nous l’a montré aussi : Joseph Staline s’est avéré être finalement un homme beaucoup plus dangereux que les tsars qui ont dirigé la Russie avant que le communisme ne prenne le pouvoir.

Nous avons essayé les révolutions politiques et sociales et elles ont toutes échoué. Et personne ne regarde d’où vient réellement le problème : l’être humain.

Il me semble que désormais il nous faut regarder du côté des mystiques de l’Orient et nous occuper de nous-même. La révolution, c’est en nous qu’il faut la faire. Le nouvel homme, il ne va pas venir d’une autre planète. C’est nous qui devons changer en passant des énergies de survie, de pouvoir et de vanité aux énergies de méditation, d’amour et de joie.
Commencer par observer ce qui se passe en nous, nous accepter et comprendre nos peurs est peut-être moins intéressant pour l’ego mais ce sera plus efficace sur le long terme .

Une des meilleures définitions que j’ai trouvée de cet « Homme nouveau » est celle donné par l’enseignant spirituel Osho lorsqu’il parle de Zorba le Bouddha.
Zorba, c’est le symbole du bon-vivant, vous vous rappelez peut-être du film Zorba le Grec (1964) basé sur le roman du même nom de Nikos Kazantzakis qui était une ode communicative au bonheur et à la passion de la vie !
Le film décrit un homme cultivant les plaisirs de la vie comme seuls les Grecs savent le faire...il danse, il boit, il aime manger, il chante, il aime les femmes, il fait l’amour !
Zorba est le symbole du pur hédoniste, du vrai matérialiste, celui qui vit les plaisirs du moment présent.
C’est une partie essentielle de l’être humain, une partie qu’il faut vivre et que la plupart du temps, les moines ou les gens soi-disant religieux ou spirituels ont évacué de leur vie.
Zorba est pourtant la base. Il ne faut surtout pas le réprimer. C’est ma grande critique en général de la plupart des religions et des spiritualités traditionnelles. C’est tellement sérieux !
Zorba, c’est la joie de vivre, le plaisir, le corps, l’amour, le rire, un peu de folie.
Mais, comme dit Osho, « le Zorba a aussi une vie relativement superficielle car il est toujours tourné vers l’extérieur, la fête, les plaisirs de la vie. Il ne sait pas qui il est réellement. Il ne connaît pas la signification de l'existence, il ne peut jamais expérimenter l'immortalité de la vie, l'éternité de son existence - qu'il a toujours été ici et qu'il y sera toujours - que seule la forme change. Il n'entrera jamais dans son propre centre, il restera toujours dans le cyclone, très occupé, intéressé par tout excepté par lui-même. Et le centre du cyclone est pourtant l'expérience la plus essentielle, l'ultime expérience de la conscience humaine; au-delà de cela, il n'y a rien, vous êtes arrivé à la maison. »

Si nous voulons un homme complet - et pour moi seul un homme complet a un intérêt alors Zorba doit se dissoudre en nous et être absorbé par notre « bouddha intérieur », c’est à dire notre être profond.

Bouddha est le symbole de la méditation, du calme, de la vigilance, de la sagesse. Etre un bouddha n’a rien à voir avec le bouddhisme, c’est simplement être soi-même, vivre sa propre nature, se réaliser...

Zorba le Bouddha est celui qui intègre les deux qualités, le matériel et le spirituel. Et je ne vois pas où est la difficulté, au contraire ! En fait Zorba plus Bouddha me semble un immense enrichissement pour l’humanité. Car, Bouddha tout seul est un peu sérieux, il ne peut pas rire, ne peut pas danser, ne peux pas aimer, quelle sorte de vie cela peut-il être ? Et un bouddha qui ne sait pas vivre réprime la plupart du temps ses énergies.
On oublie trop souvent par exemple que Bouddha avant sa recherche spirituelle était le fils du roi et qu’il avait vécu son côté Zorba plus que quiconque !

Et inversement, le Zorba est superficiel et s'il ne se ressource pas intérieurement, combien de temps sera-t-il un bon vivant ? Zorba n'est que le début, tôt ou tard, si vous laissez votre Zorba s'exprimer pleinement, vous serez obligé d'envisager quelque chose de plus élevé, de plus grand et cela ne vous sera pas révélé par les pensées ou la moralité mais par les expériences car ces petites aventures deviendront ennuyeuses.

La conscience universelle s'éveille doucement sur notre belle planète bleue par différents chemins mais l’urgence est là. Il y a un malaise général, une violence qui se répand, un environnement qui se dégrade. A n’importe quel moment, le monde peut tomber dans le chaos. Personnellement je crois qu’il ne faut pas pour autant se résigner ou tomber dans la négativité. Au contraire, il se passe exactement ce qu’il doit se passer. Il faut comprendre qu’aujourd’hui nous devons donner naissance un nouvel homme et que nos problèmes actuels nous poussent à changer. Ce sont des cadeaux déguisés en quelques sortes. Et cela ne doit pas se faire dans la tristesse mais dans la joie. L’homme doit dépasser sa psyché animale et s’ouvrir à de nouvelles qualités spirituelles. En termes ésotériques, l’homme doit en fait intégrer les chakras du bas (sexe, émotions et pouvoir) aux chakras du haut (coeur, créativité, intuition, silence).

Mon espoir est qu’on verra alors petit à petit de plus en plus de gens qui méditent et vivent avec sérénité et silence intérieur. Il faut changer notre manière de vivre. Nous devons vivre sans aucune culpabilité, célébrant, dansant, chantant tellement nous sommes heureux. Nous devons cesser de rentrer en compétition avec quiconque ou de nous prendre pour des gens spéciaux. C’est cela Zorba le Bouddha, une personne équilibrée, riche intérieurement et extérieurement.

Pour ce qui me concerne, j’essaye dans ma vie quotidienne d’intégrer ces deux qualités : zorba et le bouddha. Je reviens juste d’un week-end de méditation à la campagne où justement j’ai pu aller à l’intérieur. Et, c’est vrai que cela fait vraiment du bien...

Mais, je sais que ces deux côtés (zorba et bouddha) sont essentiels à ma vie. Et je me rappellerai toujours ce qu’un jour Osho avait dit dans son ashram « si vous ne réussissez pas à être un zorba et un bouddha en même temps, alors choisissez toujours le zorba ». Cela m’avait beaucoup marqué lorsque j’avais entendu cela la première fois...j’avais trouvé cette parole surprenante venant d’un maître spirituel...mais j’ai ensuite compris qu’il valait mieux être un « bon vivant » sans trop de spiritualité qu’un être spirituel sérieux, névrotique qui est contre la vie.

Je laisse les derniers mots à Osho : « Soyez simplement en silence et vous commencerez à rire de tout votre être. Les arbres rient, les oiseaux rient, seul l’Homme est triste. Laissez donc votre être se remplir de rire. Vivez la vie en chantant, entrez dans la danse universelle. La joie de vivre est la plus grande révolution, la plus grande révolte et transformation que vous pouvez faire. Commencez à rire de vos soit disant chefs religieux, de tous ces hypocrites. Et riez aussi de vos politiciens qui exploitent le monde depuis des milliers d’années. Ne faîtes pas attention à tous ces gangs de criminels et nous pourrons alors entrer dans une ère nouvelle où tout le monde sera joyeux, aimant et plein de rire. Prenez seulement votre guitare avec vous... »

Bon été à tous, Emmanuel