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La Veillée

 

Les années 80 c'est fini ! Quelle « offre » en développement personnel à l'heure où l'on vend des sex-toys chez Agnès B.

La tendresse : dernier espace réellement subversif ?

La rentrée sera câline...

L'année dernière, en décembre, je répondais aux questions de Méditation France sur le lancement de nos Ateliers Câlin à Paris et sur le pourquoi de la tendresse comme point de départ du partage.

J'expliquais comment la tendresse nous lie à la bienveillance, à la compassion, à l'amour. Comment cette énergie nous guide vers notre part vulnérable et vers l'abandon dans l'échange avec l'autre. Comment elle représente un formidable outil de développement personnel, tout en se faisant du bien, ce qui n'est pas négligeable.

Au fil des mois qui ont suivi, j'ai vu des hommes qui « descendent » dans leur part sensible, des femmes qui « montent » dans leur puissance, des polarités qui s'éveillent et peuvent se rencontrer pour se nourrir en profondeur.

A présent, cette « proposition corporelle » s'étoffe d'une proposition autour de la « Parole libre entre hommes & femmes » : La Veillée.

L'intention de La Veillée est d'offrir un espace ouvert et bienveillant, propice à fluidifier une communication bien souvent entravée par les normes sociales et la peur d'être jugé ou rejeté.

Nous tenterons d'adoucir, d'éclairer et de libérer les énergies créatives du féminin et du masculin, contribuant ainsi au recul des interprétations et des croyances, vers une connaissance plus fine de soi et de l'autre. Apprendre à s'exprimer simplement, à entendre et se réjouir du goût de la différence.

Ce que je n'avais pas développé jusqu'ici est le « pourquoi ne pas solliciter les énergies sexuelles » et ne rien entreprendre pour éveiller la sensualité. Les 22 Ateliers écoulés, ainsi que nos échanges avec les 70 membres de notre « confrérie câline », m'amènent aujourd'hui à préciser mon intention.

Il ne s'agit pas, bien entendu, de revenir sur la pertinence de travailler autour des énergies sexuelles dans une démarche de progrès et de conscience. Encore moins de se priver de l'usage de nos sens pour interroger le territoire de nos désirs et accueillir les différentes parts de nous. Certainement pas.

Cependant, sauf à ignorer certains mécanismes du féminin et du masculin, je pense pour ma part, qu'il y a des préalables à ce type de travail :
- Plus spécifiquement pour une femme : Identifier et sentir ce qui est juste pour moi, considérer que c'est légitime, puis être en capacité de l'exprimer ; me donnant ainsi la liberté de choisir en toutes circonstances.
- Plus spécifiquement pour un homme : Relâcher la performance et le fait de prouver ma valeur à travers cette vision étriquée de la virilité. Osez m'abandonner et être moi-même, simplement, voir que je suis tout aussi bien accueilli.
- Pour les deux : Découvrir et/ou assumer mon besoin de tendresse et d'amour, le différencier de mon désir sexuel. Apprendre à dire « Oui », à dire « Non », à respecter l'autre tout en me respectant.

En effet, comment créer un parcours de liberté et marcher vers mes désirs, si je ne me fais pas confiance dans ma capacité à poser « mes » limites et à les faire respecter ? Sans cet espace de sécurité, mais aussi d'écoute, comment délier l'initiative et vivre des expériences dans l'ouverture et la conscience ?

Alors, posons-nous la question : les énergies sexuelles représentent-elles le meilleur contexte pour développer ces savoir-être élémentaires ?
Suis-je le seul à avoir observé comment elles entraînaient dans leurs sillages les peurs et les blessures ; les siennes, celles des autres ? Comment elles étaient chargées de nos représentations, alimentées par le « bain social normatif », structurellement éloigné de notre intime. Et comment elles attiraient des intentions parfois contradictoires chez les participants ? Tout ceci est-il propice à créer l'espace paisible pour sentir et accueillir ce qui se passe en moi ?

De la même manière, la sensualité n'est-elle pas souvent une agitation bien pratique pour masquer mes peurs ? Rester dans « le faire » et ce « copier/coller » de mes habitudes, à la recherche de sensations fortes, ne traduit-il pas un manque de porosité de moi à moi, de moi à l'autre ?

Selon moi, la question n'est donc pas de savoir si les énergies sexuelles représentent un outil efficace, mais plutôt de se demander à quel moment est-ce pertinent, en fonction du contexte intime des participants.

A chacun de sentir ce qui est juste pour lui et à chacun sa manière d'être présent.
Moi, j'ai beaucoup entendu parlé de « cœur », mais je n'ai pas senti autant d'amour...

Enfin, et peut-être surtout, pouvons-nous, en tant que « praticiens du progrès par le corps et le toucher », faire comme si la société autour de nous n'avait pas muté ?

Les années 80 c'est fini ! Aujourd'hui, on vend des sex-toys chez Agnès B ou aux Galeries Lafayette... Et même les femmes, le plus souvent sans s'en rendre compte, parodient la sexualité masculine, adoptant stimulation/excitation, tension vers l'orgasme et performance ; quand il n'y a plus d'amour, ne reste que le sexe... 

Nous ne sommes plus au temps d'Osho mes ami(e)s ! La sexualité est devenue une marchandise surexposée, entraînant l'intime dans la sphère sociale : « Le sexe c'est pas intime », me disait récemment une jeune femme à qui je parlais des Ateliers Câlin.

Maintenant, face à ces changements profonds, quelles ont été les innovations en terme de contenu ou de structure de « l'offre » en développement personnel ? Celle-ci donne-t-elle de si bons résultats, en terme de contribution, que cela nous dispenserait d'interroger nos pratiques ?
« La masse » des individus est-elle plus « éclairée » ou cède-t-elle de plus belle aux fictions et à cette industrialisation des désirs ? De quoi les médias font-ils la promotion, de la présence aimante et du toucher ou des écrans tactiles ?

Cette question de la contribution me semble primordiale car elle interroge aussi notre intention et notre responsabilité.
Souhaitons-nous poursuivre notre navigation dans les eaux rassurantes de « Méditation France » ou « Génération TAO » et abandonner le grand public aux substances dopantes et aux outils vibrants ?

Plutôt que de tous pêcher dans un bassin limité et ainsi se placer en concurrence les uns par rapports aux autres pour payer son loyer, pourquoi ne pas nous regrouper autour de « ce qui fait sens » ?
En mettant en commun nos savoir-faire et nos moyens de communication, n'est-il pas temps, pour nous aussi, d'innover en direction du plus grand nombre, afin de disposer d'une chance, même infime, d'influer sur la réalité sociale ?

Aurons-nous le courage de regarder le monde tel qu'il est et non tel que nous voudrions qu'il soit ? Et aurons-nous l'humilité de délaisser un peu nos livres de sagesse et nos énergies subtiles, au profit d'une action collective, réfléchie et coordonnée ?

Dans ce contexte où la frontière publique/privée n'a jamais été aussi mince et où la culture de l'exhibition ne cesse de valoriser le mélange des genres, il me semble que la tendresse est une opportunité ; n'est-ce pas aussi le dernier espace réellement subversif ?

C'est avec cette implication, humblement et en dehors de tout caractère commercial, que sont nés les Ateliers Câlin. Le projet s'articule autour de 2 axes :

Une offre « formulée » pour le grand public :
- Des Ateliers corporels autour de la tendresse : Les Ateliers Câlin.
- Des Ateliers de parole libre entre hommes & femmes : La Veillée.

La création et l'animation d'un collectif de « membres de cœur » :
- Un espace dédié sur le site Internet pour rester connecté et co-créer à l'extérieur : l'Espace Membres.
- Des soirées festives et ludiques dans la simple innocence d'être : La Grande soirée Câlin.
- Des Ateliers d'exploration, de conscience et de joie : Les Ateliers Toucher & créativité.
- Des évènements « au dehors », pour se retrouver autour de la fête et la joie.

Alors, si cette initiative fait sens pour vous et qu'elle vous donne envie d'y participer, à votre manière, je vous invite à nous rejoindre ; et aller savoir où cela nous mènera…

Bien tendrement vers vous toutes et vous tous.

Eric