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Faites l'humour, pas la guerre.

Interview de Daniel Kiefer

DANIEL KIEFER est président des Clubs de rire, démarrés en France il y a deux ans. Il existe dans l'Hexagone 24 antennes de l'association, de Mulhouse à Cap-Ferret en passant par Loc-Maria-Plouzané, et quelque 1 300 autres dans le monde, de l'Australie à la Suisse en passant par Italie, la Malaisie... Dans le Nord et le Pas-de-Calais, tout reste à faire. Avis aux amateurs.

- Club de rire ou club du rire ?
"Club de rire ! Ce qui veut dire club de l'action de rire. Nous n'avons pas l'apanage du rire et nous ne sommes pas une école du rire ! Le rire ne s'apprend pas. Ça se réapprend, peut-être. "

- Au départ, vous êtes une personne qui aime rire ?
" Oui, voilà. Et aussi une personne qui a pas mal voyagé, au Brésil, à Madagascar, en Afrique, en Asie... De retour en France, venant de pays dits sous-développés (mais que je dirais "autrement développés"), c'était toujours un peu difficile de voir des gens pas très gais dont le rire est considéré comme quelque chose de déplacé, surtout dans le monde de l'entreprise... Comment se fait-il que les Brésiliens (dont beaucoup vivent dans la misère et la précarité) rient, fassent de la musique, et qu'en France, où les conditions de vie sont plutôt correctes, les gens soient si sérieux ? J'ai cherché. Je pense que les Brésiliens ont le sens du jeu et sont dans un état d'esprit de la fête. En découvrant la méthode du docteur Kataria - le médecin généraliste indien qui est le pionnier du mouvement du rire dans le monde -, j'ai compris qu'on ne rit pas parce qu'on est heureux mais qu'on est heureux parce qu'on rit. "

- Comment cela ?
" La mécanique du rire entraîne, sur le plan physiologique et psychique, énormément de bien-être. Rire permet de chasser le stress très rapidement. Vous avez peut-être déjà fait l'expérience d'une situation très tendue ou dramatique - un accident, un décès - et soudain, nerveusement, vous attrapez un fou rire. Raymond Devos dit que l'homme a la faculté de rire et que c'est une soupape de sécurité qui l'empêche de devenir fou. "

- De quoi rit-on dans les clubs de rire ?
" On ne rit pas tout seul, on ne rit pas des autres, on ne rit pas de quelque chose, on rit avec les autres. C'est une philosophie humaniste. Nous faisons des séances hebdomadaires d'une quarantaine de minutes. En Inde, ils se retrouvent tous les matins, 150 personnes, et ils font leur séance, à 6 h, avant d'aller à leur travail. "

- Ça démarre comment, une séance ?
" C'est un exercice. Ce n'est pas de l'humour, on ne raconte pas de blagues. On fait venir le rire par un exercice de respiration qui s'appelle le "ho ho ha ha ha" (lire aussi ci-dessous), un travail qu'on fait tous en choeur en tapant dans les mains. Un autre exercice est le rire de la salutation : se regarder dans les yeux, une version de "je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, le premier qui rira, etc.". Je demande aux gens de se déconnecter de leurs inhibitions intérieures, de se reconnecter à leur enfant intérieur, et de se faire plaisir à jouer, même si on est des adultes. Au départ, c'est un rire blanc qui amène à de vrais rires. Et le rire est contagieux... "

- C'est bon pour la santé ?
" Excellent. Un chercheur a mis en évidence que le fait de rire augmente le taux de globules blancs et permet de renforcer le système immunitaire. Rire fait sécréter des endorphines au niveau du cerveau. Les endorphines, c'est la morphine interne, c'est une hormone de bonheur, c'est ce que Madan Kataria appelle la chimie joyeuse. Quand on rit, on expulse tout l'air qu'on a dans les poumons, on travaille sur le diaphragme, ça masse la partie abdominale, on digère mieux, on dort mieux. Ce n'est pas une thérapie en soi, c'est une hygiène de vie globale. "

Propos recueillis par J. J.