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Entretien avec Maïa Hennebelle Royer

Peux-tu nous parler de l’approche thérapeutique par le mouvement que tu proposes ?

L’approche par le mouvement que je propose est le résultat d’une évolution tant personnelle que professionnelle.
J’ai commencé par me former au massage Amatis® et à la somatothérapie méthode Camilli® qui sont deux méthodes très similaires. J’ai découvert le fait d’être participatif et non passif pendant le massage, ce qui a été une révolution dans ma façon d’aborder le corps et l’individu. Une liberté jusque-là insoupçonnée, l’accès à des mémoires enfouies ou de l’ordre de l’indicibles, une porte ouverte sur la créativité et l’autorisation à être soi.

Parallèlement j’ai suivi la formation à la méthode Chemins vers l’Être®, pour devenir psychopraticienne. En plus des apports psychocorporels il y avait des séquences de mouvement, de danse, et des méditations actives pendant les stages afin d’intégrer ce qui avait été abordé.
Petit à petit m’est venu l’envie profonde de faire évoluer mon travail d’accompagnement en psychothérapie en intégrant le mouvement qui correspond à l’élan de vie psychique.
J’ai alors arrêté le massage et le toucher thérapeutique pour garder le mouvement.
Ces dernières années je suis donc allé chercher des apports complémentaires dans la formation Neurodanse® afin d’approfondir mes connaissances entre le fonctionnement du cerveau, le corps en mouvement et l’équilibre émotionnel.

Aujourd’hui je propose dans les séances individuelles de psychothérapie comme dans les ateliers, un mouvement intuitif qui part de soi et permet de rendre visible un état émotionnel trop intense ou trop ancien pour être dit, de sortir de vécus traumatiques et réactiver la capacité à se sentir en sécurité, de développer la confiance en soi, de soutenir une expression authentique en déjouant un mental envahissant ou inhibant. Chacun est le gardien de ses propres limites, physiques et psychiques. Ce qui me permet d’accompagner les hommes et les femmes de tout âge, peu importe leur condition physique, puisque le mouvement peut se faire debout, au sol ou même dans le fauteuil.
Je suis régulièrement ébahie de voir les individus sortir de l’incompréhension d’eux même pour aller vers une meilleure acceptation de ce qu’ils sont.

J'ai vu sur ton site que tu as été formée à de nombreuses techniques et méthodes de bien-être et d'accompagnement et c'est même écrit "en formation constante", c'est important pour toi de toujours découvrir de nouvelles choses et de continuer à te former ?

Cela fait partie de mon éthique professionnelle, ainsi que de ma façon d’être. Je m’intéresse aux avancées concernant la recherche sur le développement humain, les liens corps-esprit, l’évolution de la pensée. C’est dans ma nature de me remettre en question et faire bouger les choses. Mes formatrices elles-mêmes continuent d’approfondir leurs connaissances. La gestion des vécus traumatiques par exemple, nous a été apporté lors de séminaires complémentaires, car l’une de nos formatrices s’y est formée en cours de route.

Je m'enrichis auprès d’elles lors de séminaires de supervisions, révision et d’approfondissement ainsi qu’à l’école de psychanalyse d’Avignon depuis plusieurs années. La pensée est vivante et la compréhension de l’humain ne cesse d’évoluer. Tout est en mouvement constant, c’est passionnant !

Tu vis à Grenoble et tu proposes des ateliers, stages et des séances individuelles dans cette région, es-tu née grenobloise ?

Là aussi il y a eu du mouvement ! Je suis née à Paris entourée de mes familles maternelles et paternelles. Puis les liens familiaux étant ce qu’ils sont, mes parents m’ont élevée dans un tout petit village bourguignon où j’ai grandi au contact de la nature et des grands espaces. Lorsqu’ils ont divorcé, j’étais adolescente, j’ai découvert la région grenobloise, le théâtre (des années de pratiques passionnées en lien avec le corps et les mots). Et puis c’est là que j’ai rencontré le père de mes trois premiers enfants, puis mon second mari. A mon tour je me suis constitué une famille. Puis un deuxième cercle, professionnel, puisque mes formations se sont déroulées en grande partie à Grenoble.

Tu aimes bien aussi je crois travailler avec les femmes enceintes et la périnatalité, faut dire que toi même tu as 4 enfants et que tu as pu te rendre compte j'imagine des bouleversements et des difficultés qui peuvent survenir pendant une grossesse ?

J’ai vécu comme un immense bonheur et une chance inouïe de porter et mettre au monde quatre enfants, conçu avec des hommes, que j’ai beaucoup aimé concernant le premier et que j’aime profondément pour le second. Même si ce n’est pas tous les jours facile d’être la mère d’une famille nombreuse.
Devenir mère c’est changer dans son corps de femme, être dans un lien « privilégié » avec sa propre mère, découvrir un nouveau rapport à sa sexualité. Les échanges avec le partenaire évoluent et pour beaucoup, ces changements amènent un certain nombre de bouleversements.

En échangeant avec d’autres femmes j’ai constaté que la conception, la grossesse et la parentalité est une période intense de remémoration et de questionnement tant sur un plan corporel que psychique. On se demande si on sera « capable » de porter cet enfant jusqu’à sa naissance, comment on va accoucher, si on fera une bonne mère...etc. L’allaitement est aussi quelque chose de très intime, qui ramène au nourrisson qu’on a été et comment on a été soi-même nourri.
C’est également une des périodes fondatrices pour l’individu, puisque des empreintes fondamentales prennent forme lors de ces étapes de vie.
Il m’a semblé primordial de donner la parole aux femmes sur ce qu’elles vivent réellement, dénué de tous les a priori positifs qui entourent la grossesse et la naissance, afin d’aller vers plus d’authenticité.

Afin qu’elles vivent cette étape sereinement, je les aide à tisser un fil entre leur passé et leur présent tout en m’adaptant à leur sensibilité à fleur de peau si caractéristique de cette période.

Passionnée par la mémoire corporelle et transgénérationnelle, je me suis tournée vers une pratique douce pour les femmes enceintes, la sophrologie périnatale.
Ainsi, je peux les accompagner, dans le respect de leur vulnérabilité due à tous les bouleversements, à renouer avec les mémoires qui permettent au corps des femmes d’enfanter depuis toujours. A comprendre ce qui se passe de l’intérieur, quelles sont les traces familiales qui refont surface pour mieux les traverser.

Comment trouves-tu le temps à t'occuper de quatre enfants et à être aussi créative dans l'accompagnement des autres, je suis admiratif !

Mes trois premiers ont grandi ! Ce qui me laisse plus de disponibilités pour donner libre court à ma créativité. Et notre dernier nous amène à être très créatif mon mari et moi !
Mes propositions professionnelles sont aussi mes bébés, je les imagine, je les porte puis les met au monde en espérant les voir se développer harmonieusement. Cela fait partie de moi. Dans mon parcours de vie j’ai pu aussi mieux comprendre la sensibilité qui m'étreint, parfois intensément, ainsi que mon potentiel qui m’emmène parfois un peu loin. Être créative c’est ce qui me permet de trouver l’équilibre, c’est rendre visible par des projets tout ce qui traverse ma tête et mon cœur.

Tu proposes aussi des stages et formations aux constellations familiales où tu intègres aussi cette approche thérapeutique par le mouvement, peux-tu nous en dire quelques mots ?

En pratiquant la thérapie transgénérationnelle, notamment la psychogénéalogie, c’est devenu évident de compléter mes connaissances avec une formation pour animer des constellations familiales et systémiques.
Nous nous retrouvons régulièrement figés dans nos relations familiales, avec un rôle dont il peut être difficile de sortir, un conflit douloureux à résoudre, parfois on ne sait même plus quelle en est l’origine.
Tout cela a des conséquences dans notre façon d’avancer dans notre vie.

Le mouvement, amené par le corps, soutient le mouvement familial apporté dans les constellations.
Une constellation est l’opportunité de porter un nouveau regard sur le système familial, d’envisager les relations autrement. Le mouvement va soutenir et permettre d’ancrer les nouveaux points de vue, les nouvelles postures, de développer les ressentis positifs et se dégager progressivement des ressentis jusque-là figeant.

As-tu un projet ou un souhait que tu souhaites partager en 2023 avec les lectrices et lecteurs de Meditationfrance ?

Comme je l’ai déjà dit, je n’arrête jamais de créer et j’ai souvent de nouvelles idées mais pour l’année à venir j’aimerais garder mes propositions telles qu’elles le sont aujourd’hui et plutôt prendre le temps de développer ce travail en ligne. Mon souhait est de proposer au plus grand nombre mes ateliers, pour continuer à faire connaître mon travail en dehors de Grenoble et avoir le plaisir ensuite de recevoir ces personnes lorsque j’organise avec mes consœurs des stages plus long notamment l’été avec notre proposition « Mémoires familiales » sur cinq jours dans le Vaucluse.

Maïa Hennebelle Royer
Psychopraticienne certifiée
Thérapie psychocorporelle, psychogénéalogie et sophrologie périnatale
Accompagnement à l’épanouissement psycho-affectif
Gestion des vécus traumatiques
Approche thérapeutique par le mouvement et le corps ressource
Accompagnement de la grossesse
Adultes, couples, femmes enceintes

En visio et en cabinet
38bis rue du Drac 38000 Grenoble

Tel : 06 68 00 98 35
Mail : maia.hennebelle@gmail.com Site : www.psy-therapie-grenoble.com

Interview réalisée par Emmanuel Moulin pour Meditationfrance