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Interview de Nathalie ANDREINI
Instructeur en Méditation de pleine conscience du Centre M.V.M.
MF : Je vous connais depuis peu puisque vous enseigniez jusqu'à présent à Paris et sur rendez-vous individuels. Mais vous avez décidé récemment de transmettre votre pratique de la méditation dans un cadre bien différent. Avec votre époux, vous avez ouvert le Centre MVM et organisé des séjours qui ont connu un succès immédiat dont je me réjouis. Pourquoi ce choix ?
Nathalie Andreini : Cela s'est présenté comme une sorte d'évidence…
Éric, qui a pourtant voyagé dans le monde entier, s'est trouvé séduit par les Vosges Mosellanes dès sa première visite. Pour moi, ce lieu était resté celui du souvenir d'enfance, anodin et familier au possible.
Néanmoins, au travers de ses yeux, j'ai redécouvert la prodigalité de cet endroit montagneux : les verts profonds des vallées, la forêt offrant un spectacle singulier à chaque pas, les rochers de grès rouge sculptés par le temps,...
Lorsqu'il s'est agi de trouver un lieu propice à filer des jours heureux, c'est ici, que nous avons choisi de nous installer, au bord de la Sarre Rouge, dans la très modeste maison qui a vu naître toutes les filles de ma famille sur plusieurs générations.
Impensable de songer à garder pour nous seuls ce havre de silence et de paix sans le partager avec des personnes recherchant un lieu authentique pour se ressourcer, idéal pour méditer en pleine conscience, en contact étroit avec la nature. C'est donc de cette congruence qu'est né MVM, ses retraites à la carte : week-ends ou séjours plus longs.
MF : Vous êtes une ancienne DRH de grandes sociétés, rompue depuis 25 ans à la psychologie du travail, la PNL et férue de neurosciences, entre autres. Après une période très douloureuse que vous décrivez sur votre Site, vous faites la rencontre du Bouddhisme qui vous sauve, dites-vous, et vous fait renaître à une vie métamorphosée. Quel type de méditation professez-vous ?
Nathalie Andreini : Chaque instructeur a son histoire et son apprentissage et je suis certaine que le style de ce qu'ils enseignent y est étroitement lié.
De la même manière, j'incarne ma pratique car je l'ai testée allègrement sur moi et sur tous ceux qui sont venus me consulter. Ma pratique s'est améliorée au fil du temps et de l'expérience… Mon savoir-faire est donc le résultat d'une fusion des enseignements du Sutra du Lotus, de ma longue expérience de l'humain confronté aux affres de la Société, aux difficultés personnelles et intimes, de l'étude constante des analyses de psychiatres, de philosophes et de Maîtres bouddhistes.
Si je devais trouver une parenté à mon style, je dirais qu'il s'inspire beaucoup des préceptes de Christophe André, considéré en France, comme le "Sage" de la psy.
Au-delà de la pleine conscience, de son aspect thérapeutique, de ses incommensurables ouvertures pour gérer états d'âme, stress, souffrances, angoisses,… mon enseignement repose sur les aspects plus complet, d'un entraînement de l'esprit vers l'amour, l'empathie, la compassion et l'altruisme, le bonheur mais aussi le détachement vie/mort, la Sagesse et l'Eveil.
MF : L'engouement de la méditation est tel, qu'émergent de plus en plus de centres qui proposent des prestations similaires. En est-il de même pour MVM ?
Nathalie Andreini : Vous avez raison, les offres se ressemblent de prime abord… Et c'est sur place que l'on peut noter les différences souvent dues à l'instructeur lui-même, ensuite, au contexte, aux règles de vie collective, etc.
C'est en participant à différentes retraites que nous avons peaufiné, avec Éric, ce que nous souhaitions assurément mettre en place chez nous : tout en conservant nos principes et notre éthique, nous avons écarté ce qui nous avait déplu, adopté ce qui nous avait satisfait puis complété par ce qui nous avait manqué lors des séjours pour construire MVM.
MF : Bien ! Je saisis parfaitement votre cheminement, mais qu'en est-il de ce que propose MVM finalement et pragmatiquement ?
Nathalie Andreini : Pour être plus précise, alors :
✓ Notre éthique relève de l'incontournable morale d'écarter de notre activité, la notion de business pour faire du chiffre !
En accueillant nos méditants par mini-groupes, nous nous imposons une meilleure prise en charge individuelle à tous les niveaux.
D'autre part, chez nous, pas de prosélytisme, pas de rituel, pas de solution magique ou miraculeuse, juste la réalité : nous transmettons nos connaissances et insistons sur le fait que la méditation produit ses effets si on la pratique de façon régulière et quotidienne.
Comme pour un sportif, c'est la persévérance de l'entraînement qui fonctionne et permet d'améliorer les mécanismes de notre cerveau : cela s'appelle la neuroplasticité.
✓ Nos principes reposent sur le devoir de prodiguer tous les efforts nécessaires afin que nos hôtes nous quittent en laissant chez nous leur fardeau négatif et nocif, et repartent dotés d'un outil bien huilé en ayant compris et intégré la méditation de pleine conscience et d'autres techniques pour les aider à dépasser leurs obstacles psychologiques.
Cela implique d'encadrer des groupes d'au plus 5 personnes, et encore : tout dépend de la motivation de nos participants, de ce qu'ils recherchent et des difficultés qu'ils traversent,… Si les problèmes à régler sont lourds, je préfère que le groupe reste très restreint, et, j'accepte volontiers qu'ils ne soient que 2 ou 3.
✓ Ce que nous avons écarté, c'est tout ce qui concerne les aspects rébarbatifs que pourraient impliquer ce type de séjour,…
Nous ne souhaitons pas voir des gens s'égarer, se démotiver et finir même par abandonner ou renoncer définitivement à la méditation considérant que ce n'est pas pour eux !…
Le silence absolu peut rebuter certains débutants ou personnes fragiles déjà isolées dans leur quotidien. Cela peut aggraver leur état.
Par exemple, selon les spécificités de nos participants, nous testons le silence par moments plus ou moins longs et l'intégrons au fur et à mesure du séjour…
Nous avons échangé savamment par téléphone ou email AVANT le stage pour constituer des groupes cohérents.
✓ Ce que nous avons conservé, c'est le Yoga et les longues marches en forêt.
Nous nous sommes formés au Yoga Nidra, et, lorsqu'elle est disponible nous faisons profiter nos hôtes de cours de Yoga Nidra dispensés par une intervenante extraordinaire dont les cours font l'unanimité.
Nous nous promenons tous les jours. En dehors des effets indéniables et mesurables sur le cerveau, le système nerveux et immunitaire que procure la forêt, elle permet de pratiquer la pleine conscience dans un environnement propice à une méditation profonde.
Yoga et marches sont deux merveilleux compléments à la conscience corps/esprit.
✓ Ce que nous avons ajouté, c'est évidemment notre personnalité, notre savoir-faire et savoir-être… Elle est prégnante dans la façon de guider les méditations.
Nous cherchons à ce que notre hospitalité soit douce et bienveillante pour que chacun lâche rapidement son quotidien pour se concentrer en toute confiance sur ce qu'ils sont venus chercher.
Nous prenons soin de nos hôtes au point de veiller à ce que les menus correspondent à leurs goûts et leurs habitudes : le sans gluten, le végétarien, l'allergie à tel ou tel aliment, les sans laitage et sans œuf, etc. Nous préparons amoureusement des plats avec de bons produits bio et locaux. Bref, nous faisons en sorte d'éviter un maximum de contrariétés pour qu'ils n'aient plus qu'à penser à prendre soin d'eux.
Durant les 5 jours de retraite, chacun me consulte individuellement, pendant ses pauses et à son gré, autant de fois qu'il le souhaite. On ne perd pas son temps à fouiller ou analyser le passé. Ensemble, nous cherchons comment surmonter les difficultés : ici,… maintenant… et pour l'avenir.
Une bonne partie de nos participants sont âgés de 40 à 60 ans et traversent leur "crise de milieu de vie", souvent déclenchée par un événement, comme par exemple le départ des enfants, un divorce, une perte d'emploi, un départ à la retraite, un deuil, une dépression… qui génère parfois de profondes remises en question.
La méditation leur permet d'envisager sous un autre angle leur devenir, ils parviennent à considérer leur vie avec une meilleure perception de sa réalité en apprenant à laisser toujours plus d'espace entre leurs soucis et savourer tout le reste. Ils apprennent à devenir meilleur pour eux et autrui et être simplement plus heureux.
Il arrive souvent que l'on me confie une certaine anxiété à quitter le stage pour revenir au quotidien. Aussi comme j'insiste sur le fait de rester disponible, de loin en loin, ils continuent à me demander des conseils ou simplement me donner des nouvelles de leurs états d'âme, de la façon dont ils pratiquent chez eux la méditation, de la manière dont ils progressent.
MF : Je comprends mieux pourquoi les avis et commentaires Google sur votre site sont aussi élogieux ! Mais comment faites-vous de votre côté pour "digérer" toutes ces souffrances ?
Nathalie Andreini : Je médite,… et je médite. L'empathie et la compassion ce n'est pas uniquement souffrir de voir souffrir les autres, c'est aussi leur porter secours soutenu par l'énergie que la méditation produit.
Et puis, parmi les souffrances, il y a aussi les joies des uns et des autres que nous partageons dans ces retraites et surtout le grand bonheur de les voir aller mieux de jour en jour.
Et les bouddhistes ne disent-ils pas que "la compassion permet de changer le poison en élixir ?"