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Être courageux

courage

Par Osho

Je n’ai rien fait dans cette vie pour être courageux ou pour avoir l’esprit vif et intelligent - et ce depuis le tout début - et je n’ai jamais pensé à tout cela comme étant du courage, de la vivacité, ou de l’intelligence.
C’est seulement plus tard que je devins peu à peu conscient de combien les gens étaient bêtes ! Ce fut une réflexion postérieure, précédemment je n’étais pas conscient d’être courageux. Je pensais que tout le monde était pareil.
C’est seulement plus tard qu’il devint clair pour moi que tout le monde n’était pas pareil.

Une de mes joies dans mon enfance était d’aller au plus haut point qui bordait la rivière et de sauter ! De nombreux enfants qui étaient mes voisins venaient avec moi, et ils essayaient. Mais ils allaient seulement jusqu’à l’extrême limite et ils stoppaient ; voyant la hauteur ils disaient : « Il y a tout d’un coup quelque chose qui se produit… » Je ne cessais de leur montrer que « si je peux sauter – je n’ai pas un corps en acier – et si je me débrouille, si je survis, pourquoi pas vous ? »

Ils disaient : « On fait de notre mieux » - et ils essayaient vraiment ! Il y avait le fils d’un brahmine qui vivait à la porte à côté et qui était très humilié par ça, car il ne pouvait pas sauter. Il avait dû demander à son père : « Que faire ?… c’est tellement humiliant. Il va au sommet de la colline et il saute de là, et on ne fait que regarder. On peut voir que s’il peut sauter, on peut le faire aussi ; il n’y a aucun problème. Si la hauteur ne le tue pas, pourquoi nous tuerait-elle ? On rassemble notre courage, on fait tous les efforts qu’on peut, et on court… mais tout d’un coup il y a une rupture, un stop !
« D’où cela vient-il, on ne le sait pas, mais ça s’arrête ! Quelque chose à l’intérieur de nous dit : « Non, ces rochers, et cette rivière… si tu tombes sur les rochers, ou… l’eau est profonde ! Et quand vous tombez d’une grande hauteur vous allez tout d’abord au plus profond de l’eau, et puis vous remontez ; vous ne pouvez rien faire d’autre. »
Son père lui dit : « Ce n’est pas bien » - car son père était un lutteur réputé, un des champions du district. Il dirigeait un gymnase et enseignait la lutte, la lutte Indienne… qui est plus humaine, plus affûtée, et plus élaborée que la boxe.
Si le fils avait eu une autre famille on lui aurait dit de ne pas venir là, mais cet homme n’était pas de ce type. Il dit : « S’il peut sauter et que tu ne peux pas c’est déshonorant pour moi. Je vais venir avec toi, et je vais t’encourager, et quand il saute, tu sautes ! »
Je n’avais pas idée que son père allait être là. Quand je suis arrivé j’ai vu son père, et le fils, et quelques autres qui étaient venu regarder. J’ai observé la scène et j’ai compris de quoi il s’agissait. J’ai dit au garçon, « aujourd’hui pas besoin de te tracasser – laisse ton père sauter d’abord ; c’est un grand lutteur et il n’y a aucun problème pour lui. »
Le père me regarda, car il était venu seulement pour encourager son fils, et qu’il ne passe pas pour un lâche. Il dit : « Bien, alors je dois sauter ? »
Je dis : « Oui, allez-y ! »
Il regarda en bas et dit : « Je suis un lutteur. Ces rochers et cette eau – et tu as trouvé un de ces endroits ! Et tu as dû t’entraîner. N’importe qui d’autre va s’y briser la nuque, les jambes ou quelque chose… »
Je lui dis : « Et vous avez amené votre fils ! »
Il dit : « Je l’ai amené sans savoir quelle était la situation. J’ai pensé que si tu pouvais sauter, il pouvait sauter ; il a le même âge. Mais d’ici, voyant la situation, je suis inquiet et je pense qu’il aurait été préférable que tu ne viennes pas aujourd’hui parce que mon fils ne va pas y survivre, mais tu es rusé, tu as simplement laissé de côté mon garçon et tu t’es tourné vers moi. Je vais essayer. »
Et la même chose arriva ! Même ce lutteur qui était si courageux – il s’était battu partout, toute sa vie, mais arrivé au point de sauter… le stop soudain ! La pente était telle, plus de quinze mètres, et l’eau avait dix mètres de profondeur, et les rochers… vous ne saviez pas où vous alliez atterrir, et ce qui risquait de vous heurter. Et debout en haut de la colline… le vent était si fort que vous pouviez simplement être tué.
Il s’arrêta là et dit : « Pardonne-moi. » Et il dit à son fils, « Fils, viens à la maison, c’est pas notre affaire ; laisse-le faire, peut-être sait-il quelque chose… »

Ce jour-là j’ai eu un étrange sentiment de moi : pourquoi est-ce que ce stop ne se produisait pas pour moi ? – et j’avais essayé de sauter à des endroits étonnants.

Le pont du chemin de fer était le point le plus haut au-dessus de la rivière – c’était naturel parce qu’à la saison des pluies l’eau grossit tellement et le pont doit toujours resté hors d’atteinte, aussi est-il installé sur le point le plus haut. Et il y avait toujours deux gardes sur le pont, pour deux raisons : d’abord pour que personne ne vienne s’y suicider, parce que c’était là que les gens venaient se suicider… de tomber simplement de là, dans l’eau, suffisait. Vous n’arriviez pas dans l’eau vivant, vous perdiez votre respiration quelque part au milieu ! C’était tellement haut que de juste regarder en bas vous donnait la nausée.
Et deuxièmement, il y avait aussi la peur des révolutionnaires, qui posaient des bombes, faisaient sauter les ponts, brûlaient les trains. Détruire un pont était très important pour les révolutionnaires puisque le pont réunissait les deux parties de la province. Si le pont était détruit, l’armée ne pouvait plus passer, et les révolutionnaires pouvaient alors faire quelque chose de l’autre côté où l’armée n’était pas stationnée. Ces gardes étaient donc là vingt quatre heures sur vingt quatre. Mais ils m’acceptèrent.
Je leur ai expliqué, « Je ne veux ni me suicider, ni faire sauter le pont. En fait je suis très content que le pont soit soigneusement gardé car c’est mon endroit. Si le pont disparaît alors mon meilleur endroit, le plus haut pour sauter, disparaîtrait. »
Ils dirent : « Vous avez l’habitude de ça ? »
Je dis : « Oui c’est ma spécialité, vous pouvez regarder, et quand vous aurez vu, vous aurez compris que je n’ai pas d’autre désir. »
Ils dirent : « D’accord, on regarde ! »
J’ai sauté. Ils ne pouvaient y croire !
Quand je suis revenu je leur ai demandé, « Voudriez-vous essayer ? » Ils dirent, « Non, mais pour toi c’est ok, tu peux venir quand tu veux. On t’a vu le faire tellement facilement, mais nous ne pouvons pas le faire, nous savons que des gens se sont tués en sautant d’ici. »
Ce pont était connu comme le Pont de la Mort, et c’était la façon la plus facile, et la moins chère de se suicider. Si vous achetez du poison, de l’argent est gaspillé, mais depuis ce pont c’était tout simple. C’était là que la rivière était la plus profonde et elle vous emportait avec elle. Personne ne pouvait plus trouver votre corps parce que juste quelques kilomètres plus loin elle se jetait dans un fleuve, un fleuve très large, et vous étiez perdu pour toujours !

Voyant la peur sur le visage de ces gardes, voyant la peur chez ce lutteur, je me suis demandé, « Peut-être que je rate ces stops, peut-être devraient-ils être là parce qu’il sont protecteurs ? »

Mais quand j’ai grandi – et je n’ai fait que grandir, je n’ai pas vieilli… depuis ma plus tendre enfance je n’ai fait que grandir et grandir et grandir – ne pensez jamais que je ne fais que vieillir. Seuls les idiots vieillissent, tous les autres deviennent plus matures.
Quand j’ai commencé à grandir, je me suis mis à devenir conscient de ma vie passée, et de ma mort, et je me suis rappelé de la facilité avec laquelle j’étais mort – je suis mort non seulement facilement, mais avec enthousiasme.
Mon intérêt fut plus de connaître l’inconnu qui était devant, que ce que j’avais déjà vu.

Je n’ai jamais regardé en arrière.
Et ça a été la façon d’être de toute ma vie – ne pas regarder en arrière.
Ça ne sert à rien.
Vous ne pouvez pas repartir en arrière, alors pourquoi perdre son temps ?
Je regarde toujours devant.
Même au moment de la mort, je regardais devant.

OSHO : Glimpse of a Golden Childhood – p. 530 à 534