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Disciples et Gourous

gourou et disciples

par Osho

Les disciples ont besoin d'un gourou, est-ce qu'un gourou a besoin de disciples ?

Le gourou n'existe que parce que les disciples ont besoin de lui. En ce qui concerne le gourou lui-même, le gourou n'existe pas : c'est seulement la projection du disciple. Quand le disciple a compris, il n'y a plus ni disciple, ni gourou. Quand le disciple a besoin de comprendre, il y a un disciple et il y a un gourou. Le gourou et le disciple existent tous les deux dans le mental du disciple.

Ceci doit être compris : en ce qui me concerne, je n'existe pas, j'existe dans votre mental. Vous aussi vous existez dans votre mental. C'est votre besoin de savoir qui projette l'état de gourou, qui fait que vous vous mettez à me voir comme le Maître, comme votre Maître – cela fait partie de votre état de disciple. Le jour où vous aurez compris, où vous vous serez éveillé et que votre état de disciple aura disparu, au même moment le gourou disparaîtra aussi.

De la même façon que les sommets existent, les vallées existent à côté d'eux. Quand les sommets disparaissent, les vallées disparaissent : aucune vallée ne peut exister sans des sommets. Vous voyez une grosse vague dans l'océan, elle est suivie par un creux, une vague-vallée, dans son sillage - elles sont ensemble. Quand la vague a disparu, le creux qui la suivait a disparu aussi.

Le silence existe avec le son. Si le son disparaît, le silence disparaît aussi. Le silence existe comme intervalle entre deux sons. Si ces deux sons disparaissent, le silence disparaîtra. Il y a le silence et il y a aussi un état au-delà des deux, silence et son. L'homme qui est réellement un maître – et quand je dis 'réellement un Maître' je veux dire quelqu'un dont la présence peut aider des disciples – non pas qu'il fasse quelque chose, sa présence est juste un agent catalytique – en sa présence des choses se passent.

Quand quelque chose se passe pour vous, je ne ressens pas que j'en suis l'auteur. Je ne suis pas ici pour faire cela. Je sais simplement que ça s'est produit. Vous pouvez vous sentir reconnaissant à mon égard, mais je sais parfaitement bien que ça s'est produit de soi-même : je ne l'ai pas fait. Je l'ai permis, je ne l'ai pas fait, et c'est arrivé. Cela dépend essentiellement du fait que vous l'ayez permis. Si vous le permettez, des choses se produiront en présence du maître. Si des choses se produisent en présence d'un Maître quand vous le permettez, alors il est un Maître. C'est ce que je veux dire quand je dis 'un Maître' – pas quelqu'un qui fait… c'est seulement sa présence qui aide à ce que des choses arrivent.

Le maître n'a aucun besoin du disciple, le leader par contre a besoin du partisan – c'est la différence entre un leader et un Maître. Un Maître n'est pas un leader. Un leader ne peut pas exister sans le militant, le leader a besoin du militant. En fait le leader a besoin du militant plus que le militant a besoin du leader. Le leader cherche à convaincre les militants : 'Je suis tout à fait indispensable', mais il dépend du militant. Un leader est le militant des militants. Il regarde les militants – ce qu'ils veulent – et c'est cela qu'il va faire. Rappelez-vous Jésus est un Maître, le Pape est un leader.
Le premier Shankaracharya était un maître, le Shankaracharya de Puri, aujourd'hui, est un leader. Mahomet est un Maître, mais le Maulwi est un leader.

Un maître est quelqu'un dont les besoins ont disparu, quelqu'un qui a lui-même disparu… où les besoins pourraient-ils s'accrocher ? Les besoins ont besoin d'un ego auquel se raccrocher. Il n'a aucun besoin : que vous soyez là ou pas ne fait aucune différence.

Regardez les choses de cette façon : le soleil se lève le matin, les fleurs s'ouvrent et les oiseaux chantent. Si aucune fleur ne s'ouvre, cela ne fait aucune différence pour le soleil – il continuera à se lever. Il y a des millions d'étoiles où aucune fleur ne s'ouvre. Il y a des planètes où aucune fleur ne s'ouvre, mais le soleil continue à briller. La fleur ne peut pas s'ouvrir sans le soleil, c'est sûr – mais le soleil peut continuer à se lever sans qu'une fleur s'ouvre. Le Maître est juste une lumière. Si vous vous ouvrez, si votre fleur s'ouvre en sa présence – bien ! Si rien ne s'ouvre en sa présence, bien ! Il n'y a aucune différence entre les deux. S'il y a une différence, alors le Maître est un leader, pas encore un Maître.

osho

Une fleur s'ouvre dans la profondeur de la forêt. Personne ne passera jamais là. Le parfum continuera à se répandre. Il n'attend pas le promeneur, il n'attend pas que quelqu'un vienne et s'émerveille – ce n'est pas l'histoire du tout. Si quelqu'un passe et s'en réjouit – bien ! Si personne ne vient et que personne ne s'émerveille, c'est exactement aussi bien. Il n'y a pas de différence.

Le Maître et le disciple existent tous les deux à l'intérieur du disciple. Quand le mental du disciple s'éveillera, il rira et il découvrira qui est un disciple et qui est un Maître. Tout ce jeu devient alors ridicule. Mais tant que le disciple n'est pas en éveil, le jeu continue. Krishnamurti a raison quand il dit qu'aucun Maître n'est nécessaire. Oui, un jour, vous saurez aussi qu'aucun Maître n'est nécessaire, mais vous ne le saurez que lorsque quelqu'un vous aura réveillé ou que vous vous serez éveillé, grâce à la présence de quelqu'un. Alors vous saurez, vous direz 'Krishnamurti a raison'. Mais si vous écoutez Krishnamurti tout de suite et que vous croyez qu'aucun Maître n'est nécessaire, vous ne saurez jamais que Krishnamurti a raison ! Vous resterez non éveillé.

Ça semble être un paradoxe. En écoutant et en croyant Krishnamurti, vous ne pourrez jamais vérifier qu'il a raison. Si vous voulez vérifier qu'il a raison dans tout ce qu'il dit, trouvez un Maître… et un jour vous saurez que le Maître n'est pas nécessaire, n'a jamais été réellement nécessaire. Mais ce ne sera compris qu'après l'éveil. Quand vous regarderez en arrière, vous pourrez alors dire 'Oui, le Maître n'était pas vraiment nécessaire, j'aurais pu devenir éveillé…' . Mais vous n'avez pas pu, rappelez-vous le !

Tout cela ressemble à un puzzle – ce n'en est pas un, c'est tout simple. N'avez-vous pas observé ceci parfois ? Vous essayez de résoudre une devinette, un puzzle, un mot croisé ou quelque chose de ce genre. Au moment où vous trouvez la solution, vous vous sentez ridicule. Pourquoi, pendant des heures, n'avez-vous pas pu trouver la solution ? Vous pouvez voir maintenant que c'était simple.

C'est si bête – s'acharner pendant trois heures et ne pas trouver la solution, et maintenant c'est tellement évident !
Une fois résolu, c'est vraiment simple, et vous pouvez voir que n'importe qui pouvait trouver la solution, mais vous savez aussi que pendant trois heures, vous vous êtes acharné en vain, ou pendant trois jours, et vous ne trouviez pas la solution.

Cela arrive à chaque chercheur scientifique. Quand il fait une découverte, cela a pris parfois dix ans, vingt ans, avant d'aboutir. Le jour où la solution est trouvée, il ne peut pas croire qu'il l'ait autant ratée. C'était tellement simple ! Pourquoi a-t-il fallu perdre vingt ans ? Pourquoi cela ne s'est pas produit dès le premier jour ?

C'est vrai pour tout : une fois connu, ça semble si simple ! Mais ça paraît simple seulement après qu'on ait trouvé la solution. Une fois que vous savez, après l'avoir expérimentée, la vérité est si simple, si évidente, si 'déjà là' ! Mais tout de suite, quand vous êtes profondément endormi et perdu dans vos rêves, quelqu'un est nécessaire pour vous secouer et vous sortir de votre endormissement. Et ce besoin est le vôtre.

Le Maître n'a pas besoin du disciple. En fait, un homme n'est un Maître que lorsqu'il n'a plus aucun besoin d'un disciple. S'il rêve d'avoir des disciples, c'est qu'il est lui-même encore endormi et en train de ronfler ! Évitez-le ! Échappez-vous !

Osho : TAO: The pathless path vol. 1 #12 quest. 4 & 7 – 22/2/1977 © Osho International Foundation
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