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Vivre la plus haute conscience

Patricia Menetrey

par Patricia Menetrey

Est-ce à ma portée ? Puis-je introduire chaque jour dans ma vie la plus haute conscience de qui je suis, de ce qui est ? Oui, mais comment…

Chacun souhaite trouver un modèle de vie qui lui convient. Par cette question, je deviens chercheur de vérité. Et aujourd'hui, existe pour tout chercheur de vérité un fil conducteur : le fait de savoir que l'on peut adopter et vivre une conscience différente. Une vision nous est donnée par les sages qui nous ont précédés sur le chemin de la vérité.

Faire naître l'âme

Un modèle de sagesse invite à rechercher une vie possédant un sens autre que simplement naître, vieillir et mourir. Cela ne concerne que le corps physique. Grandir spirituellement permet l'accès à une vie pleine de conscience, régénère l'âme et fait alors sortir l'esprit et le corps de la souffrance.

Les maître éveillés contemporains semblent être les nouvelles figures qui remplacent désormais les philosophes. Ces derniers ont pour bilan de leurs théories et mises en pratique un échec : leurs propositions pour un modèle nouveau de vie en harmonie se soldent par des luttes entre les égos, qu'ils soient individuels ou collectifs. La planète n'est pas respectée, ni l'individu, ni le peuple.

De même, par l'exclusion du sacré ou de toutes figures divines ou de la reliance à un ordre supérieur, ces nouveaux philosophes se sont eux-mêmes égarés. Cela nous montre que les labyrinthes des théories conduisent rarement à l'éveil.

Actuellement, il ne s'agit pas de combattre les religions, ni de prôner un retour au christianisme ou même d'aller vers un fanatisme religieux. Retrouver en soi le religieux est le but. Renaître, c'est se relier donc faire vivre en soi et relier à soi le Sacré.

Ainsi, faire renaître notre âme, la mener sur d'autres cheminements nous conduit à l'expérience du sacré.

Percevoir en tout l'indicible

Toutes les religions anciennes proposent des dogmes mais qu'en est-il de la transmission de l'expérience ? Chaque génération d'homme a connu une occasion de vivre une expérience. Vie après vie. Et en 2012, quel chemin prendre ?

Ceux qui parlent de l'éveil utilisent des mots. Ces derniers demeurent bien trop faibles pour décrire l'extase, l'épectase, l'expérience ultime comme une invitation à suivre cette voie différente.

Pour emprunter cette voie, dont la seule promesse est de rencontrer le Soi uni au Grand Tout, il aura bien fallu entendre qu'elle existe. Pour la retrouver, comment ces maîtres de sagesse ont-ils transmis une parole permettant de percevoir l'indicible ?

La transmission invisible

Petite ballade du côté de l'histoire et de la transmission invisible…

Lorsque Bouddha voulut transmettre l'essence de son enseignement, il interrompit le sermon qu'il prononçait à ses disciples, prit un lotus dans sa main et le fit lentement tourner entre ses doigts, en SILENCE.

La plupart de ses disciples ne comprirent pas, mais Mahakasyapa sourit. A ce moment-là, Bouddha aurait déclaré :
« Je possède l'œil du trésor du vrai Dharma, l'esprit serein du Nirvana, et je le transmet à Mahakasyapa.
Notre véritable nature se manifeste, est présente.
»

Mahakasyapa est encore considéré aujourd'hui comme le premier patriarche indien, le seul disciple de Bouddha à avoir reçu Sa transmission de l'esprit. Il s'agirait là de l'origine de la Transmission spéciale en dehors des écritures du Chan ou Zen
Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme. P.Cornu

Cette transmission s'est effectuée dans un moment où le mental de son disciple demeure silencieux, au delà du sens des mots : Mahakasyapa touche enfin à l'essence de l'être.
« Prendre et faire tourner la fleur » est un geste de totale attention à la fleur telle qu'elle est.
Dépouillé de ses attachements, de ses « à priori, de ses certitudes » ...l'esprit serein peut alors refléter la réalité dans son essence. Il n'y a plus séparation entre l'observateur et ce qui est observé. Dans le bouddhisme, c'est l'essence même de l'éveil.

Non dualité et coucher de soleil

Vivre totalement le moment présent si cher à Eckart Tolle se traduit par Nirvana, Moksa, Illumination, Eveil… Bien des mots qui pourraient nous décourager de devenir ces chercheurs de vérité, tant l'expérience même de cet état semble inaccessible.
Traduire en paroles l'expérience du non mental, de la non dualité, c'est comme décrire le plus magnifique des couchers de soleil à un aveugle.

« La résonance de la Vérité est tout ce dont nous disposons pour reconnaître ce qui est réel »
Barry Long

Autrefois, certains maîtres très explicites transmettaient par leurs enseignements le parfum de ce qu'ils nous invitent à partager, de ce qui nous attend au bout du chemin.

Pour d'autres, la parole n'a jamais réussi à être transmise même au cœur de leur enseignement.
Leur présence seule, telle celle de Ramana Marshi, invitait au silence.
Ceux qui ont eu la chance ou le courage d'en approcher un ont certainement ressenti que de demeurer à leurs côtés était la plus belle des invitations à explorer le voyage intérieur et à s'approcher ainsi d'un espace non dualiste.

rose

Permanence de la béatitude

Krishnamurti nous offre une vision radicale dans cette recherche de la pure béatitude. Il s'agit d'un retour absolu à soi, faisant fi des traditions ancestrales.

A une époque où la conscience fait naître le désir de se transformer radicalement, Krishnamurti rejette toute la structure psychologique de la société, les valeurs traditionnelles, les morales établies, le « Connu » puisqu'il est le passé, ce passé qui projette une ombre sur les esprits.

Que nous donne-t-il à méditer ? Pour lui, l'amour et l'intelligence n'ont pas de cause. Ils sont lumière. Lorsque la véritable nature dans le psychisme est clairement observée et comprise, le processus de la pensée cesse d'être prédominant. Une telle compréhension est pure intelligence, libre de toute causalité, c'est la voie d'un changement radical de la condition humaine.

« La Vérité n'a pas de sentier, et c'est cela sa beauté : elle est vivante. Une chose morte peut avoir un sentier menant à elle, car elle est statique. Mais lorsque vous voyez que la Vérité est vivante, mouvante, qu'elle n'a pas de lieu où se reposer, qu'aucun temple, aucune mosquée ou église, qu'aucune religion, qu'aucun maître ou philosophe, bref que rien ne peut vous y conduire. Alors vous verrez aussi que cette chose vivante est ce que vous êtes en toute réalité.
« La vérité n'est jamais dans le passé. Les vérités du passé sont les cendres de la mémoire. La mémoire appartient au temps. Dans les cendres mortes d'hier, il n'y a pas de vérité. La vérité est une chose vivante, elle n'est pas dans la sphère du temps.
»

Yvan Amar se situe au confluent de trois héritages culturels : le judaïsme, reçu de son père, le christianisme transmis par sa mère, et l'hindouisme, légué par son maître, un sage indien contemporain.
Son livre « L'effort et la grâce » est une profonde réflexion sur la notion d'éveil, sur le concept de réalisation et des processus de croissance. En voici un extrait :

L'éveil extirpe le doute, premier poison du mental. Au fur et à mesure que l'éveil s'intègre au niveau psychologique, le doute disparaît, sans être pour autant remplacé par son contraire – la conviction ou la certitude - car la qualité fondamentale de l'éveil, c'est de ne pas connaître le contraire. Il ne connaît que l'évidence, qui engendre la vision non duelle de sagesse, de non-séparation.
Le travail d'un éveillé n'est pas de résoudre les problèmes de ses disciples, mais bien de leur faire prendre conscience de leur nature profonde.

L'Effort et la Grâce

Ramakrisna
Seule, l'âme vêtue de Silence peut lever le voile qui Le sépare – Lui ! – de l'embrassement…
Ramakrishna, Une vie

Arnaud Desjardins
« …Vous trouverez toujours sur toutes les voies sans exception la même insistance sur l'attention et le souvenir, et d'abord me souvenir que je suis engagé sur la voie, me souvenir que j'essaye d'entrer en relation avec la plus grande profondeur possible en moi-même. Ce qu'on recherche en méditation, mais que vous pouvez rechercher dans toutes les circonstances de votre existence, c'est le tréfonds de votre propre réalité, la vie de votre vie. Qu'est-ce qui vous donne l'être, l'existence ?
J'existe : qu'est-ce que je suis vraiment ? Qu'est-ce que cette vie qui m'anime, plus profondément, plus durablement que tous les changements à la surface ?

Est-ce que vous êtes quoi que ce soit de non changeant – qui n'est pas soumis au temps, au vieillissement – et d'autonome – qui ne soit pas produit par autre chose ? À cette question, les enseignements spirituels répondent : oui. Il y a bien une réalité ultime.

L'invitation à l'expérience

Karlfried Dürckheim n'a jamais prétendu être réalisé. Son enseignement relie la tradition orientale et occidentale, il mérite bien sa place parmi les « grands ».

« Il existe deux notions du temps. En parlant du temps, nous pensons à quelque chose où se positionnait un avant et un après. Il y a également la notion de l'instant éternel. Rien ne bouge. Mais c'est faux de dire rien ne bouge, car c'est au-delà de bouger et de ne pas bouger.

Nous disons oui à la forme et par cela nous nous intéressons à ce qui est là et à ce qui va devenir. Alors les deux choses vont ensemble : le oui à la forme, le oui à la personne, le oui au temps et à l'espace. Et de l'autre côté, le oui à l'instant éternel, à la non forme. C'est le vide qui est la plénitude.
Ce n'est pas le rien, c'est l'absence de la multitude qui fait sortir la plénitude de ce temps éternel. Il est important de cultiver le sens de l'instant éternel, du temps au-delà du temps. (…) Mon travail a toujours été de préparer les conditions grâce auxquelles s'approche la chance d'être touché par le Tout Autre.

Kaveen
Disciple du Maitre spirituel Osho, il a suivi la voie de la méditation pendant plus de 20 ans, puis cette recherche comme il l'affirme s'est évaporée d'elle-même. Il partage son expérience dans un vocabulaire où est exclu tout le « jargon oriental. »

Voici la quintessence d'un art de vivre au présent : pas d'éveil, pas d'état à atteindre. Tout simplement la poésie d'une vie vécue en pleine conscience.

Expérimenter le développement de la conscience de soi est le plus somptueux cadeau qu'un être humain puisse recevoir. La promenade ne s'arrête jamais, le mouvement de la vie est éternel, et seul le promeneur décide, un jour, d'y rencontrer sa solitude, d'en tomber amoureux et de faire naître de ce coup de foudre un être naturel conscient et qui grandit ainsi vers plus de liberté.
« La promenade » aux éditions Almasta Kaveen@zeecelebration.com

La vision d'Osho : la vie sans limite

« …Il est le suprême iconoclaste Le visionnaire devenant la vision. Certainement, un projet pour l'Existence – le droit de naissance de chacun de se régaler de la même expérience océanique d'une véritable individualité.
…Il n'y a aucun point à la ligne dans la vision d'Osho, mais une main aidante pour nous comprendre nous-mêmes.
»
Tom Robbins auteur

Dieu n'est pas une personne mais un vécu. La vision de l'univers que vous procure la dissolution de l'égo est ce que j'appelle la divinité. Rien ne peut vous révéler le divin en particulier, « Dieu » est l'expérience de l'amour parfait et universel. Cela n'a pas de centre, c'est l'existence sans limite. Le centre est donc partout. Parler de Dieu est une erreur, mais vous pouvez dire qu'accéder à l'amour parfait est « Dieu »
Osho « Méditation, la connaissance de soi » Aux éditions du Voyage intérieur

Méditer et guérir

Si les maîtres réussissent à transmettre l'indicible, qu'en est-il des thérapeutes qui ont inclus dans leurs séances une dimension méditative ? Pour ma part, cette dimension méditante s'inclut dans le travail de mes guérisons.

Dans chaque séance, j'invite la personne à vivre un espace permettant la rencontre avec elle-même. Ainsi s'ouvre une brèche qui n'est plus blessure mais guérison.
Suit un accueil du Verbe, parole reliée au sacré que nous venons d'expérimenter.

Cette quête et surtout de longues années de pratique m'ont permis de goûter à ce silence, devenu une part essentielle de mes soins. Cette dimension établit toute la différence.
Plus de théories, d'analyse du pourquoi et du comment, mais une expérience à partager.
Vécue à deux, cette expérience capte toute la vibration de ceux qui avant nous l'ont vécue. C'est la transmission de l'indicible, à nous de la vivre.

Patricia Menetrey
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