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Dépasser la nationalité, la culture et la religion

Chaitanya Keerti

par Chaitanya Keerti, New Delhi, Inde

Je me souviens de mon enfance dans la petite ville de Panipat en Inde. Nous vivions dans une rue où vivaient de nombreux intouchables. Mahatma Gandhi les appelle les « harijans » c’est à dire « les hommes de Dieu ». Dans ma famille, ils haïssaient les intouchables et on devait prendre un bain à chaque fois qu’on avait été en contact avec un intouchable tel le veut la tradition (intouchable = impur !). Mais, je n’ai jamais accepté cette tradition qui me semblait, déjà petit, vraiment inhumaine. Mon meilleur ami était alors Ramesh, un harijan. Il vivait dans la même rue que moi. J’allais souvent chez lui pour manger. Mais chaque fois que je rentrais chez moi, ma famille ne me touchait pas ou ils prenaient immédiatement un bain si je les avais touchés. Cette expérience pendant mon enfance m’a donné une capacité à vivre avec des gens de nations, couleurs et races différentes – sans avoir d’idées de supériorité ou d’infériorité.

Dans ma petite ville, j’ai aussi souvent été proche de sikhs et de musulmans. Je m’intéressais aussi à la littérature chrétienne. Mais la réelle révolution s’est produite lorsque j’ai découvert les livres du maître indien Osho.

En 1974, dans son ashram de Poona, j’ai travaillé à la publication de la version Hindi du magazine de l’ashram de l’époque. La vie dans l’ashram me permit de connaître des gens du monde entier. Ma première petite amie fut australienne. Puis ensuite, j’ai eu des petites amies d’Allemagne, du Canada, de France et du Japon.

Ces expériences multiculturelles m’ont beaucoup enrichi. Aujourd’hui je me considère comme un citoyen du monde. Ma première petite amie d’Australie était très amoureuse et elle m’avait avoué qu’elle était prête à « s’abandonner » à moi. A cette époque, je n’étais pas conscient de mes conditionnements hindous. Et alors que je me trouvais dans sa chambre, je lui demandai : « Peux-tu m’apporter un verre d’eau ? ».
Elle me répondit : « N’as-tu pas des mains pour aller chercher l’eau par toi-même ? »
J’ai été choqué... car elle venait de me dire qu’elle s’abandonnait à moi et elle refusait en même temps de me servir de l’eau ?

Mais, un peu plus tard, je compris que s’abandonner à l’autre, à l’amour, ne signifie pas servir le mari comme une femme indienne. Mon conditionnement hindou m’avait fait penser que la femme devait me servir. Ce fut une bonne leçon pour moi et ensuite je fus plus vigilant dans mes relations avec des femmes occidentales.

J’ai vécu environ cinq ans en Occident – principalement aux Etats-Unis et en Europe. Et j’ai toujours trouvé très excitant de vivre et travailler avec différentes cultures.

Je souhaiterais terminer mon expérience multiculturelle par une citation d’Osho sur ce qu’est un méditateur, un sannyas :

Devenir un « sannyasin », s’ouvrir à la méditation est un signe que vous êtes prêt à devenir libre. Libre de toute nationalité. Un méditateur ne se considère ni indien, ni allemand, ni français. Le méditateur a aussi un passeport mais il sait dans son fond intérieur qu’il est simplement universel. Un méditateur ne se considère ni chrétien, ni hindou, ni musulman. Vous n’êtes pas obligé de le dire aux gens car je ne veux pas que vous ayez des problèmes. Vous avez déjà suffisamment de problèmes comme cela. Mais, au fond de vous, vous savez que « vous êtes simplement un être humain ». Vous transcendez toutes les barrières de nation, race, couleur et religion.
Et, fondamentalement, vous vous détacherez alors de vos conditionnements familiaux et vous serez innocent à nouveau, c’est alors seulement que vous pourrez vraiment explorer la vie.

Extrait de Osho, "Philosophia Perennis", Vol, 1, Chapter 10.

(Traduction d’un extrait d’un article du Viha Connection Magazine)